Alors que tous s'interrogent quant à l'ampleur et à la durée de la récession, deux importants nuages planent au-dessus de la tête des entreprises et compromettent les espoirs d'une relance rapide de l'activité économique: la montée du protectionnisme à l'échelle mondiale et la restriction volontaire du crédit disponible.

Le protectionnisme s'installe

Dans notre chronique de septembre dernier et en référence à l'échec de la ronde de négociation de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), nous écrivions que les grandes puissances du monde, en l'absence de cycle actif de discussions commerciales multilatérales et en face de difficultés économiques intérieures, ne font de cadeaux à personne. Elles ont tendance à multiplier les obstacles au commerce. Nous en sommes malheureusement là!

 

Des pays comme l'Inde et la Russie ont déjà augmenté substantiellement leurs tarifs douaniers et le nombre de plaintes antidumping, déposées au tribunal de l'OMC, a augmenté de plus de 40% en 2008. Toutes les fois que ces plaintes sont déposées, les pays plaignants peuvent imposer des droits compensatoires temporaires sur les importations des présumés fautifs, des droits qui agissent comme un véritable frein à la croissance du commerce et un coup de massue pour les entreprises exportatrices.

Heureusement, cette montée du protectionnisme n'a pas encore atteint nos voisins et principaux partenaires américains. Mais cela pourrait changer avec l'arrivée du président Obama à la Maison-Blanche. Le moins que l'on puisse dire est que jusqu'à présent, le président élu des États-Unis a fait montre d'une certaine ambiguïté quant aux sentiments qui l'animent en regard de l'ouverture des marchés.

Le gouvernement canadien doit faire de cette question une priorité et clarifier de toute urgence la position de la nouvelle administration américaine à cet égard.

Des restrictions volontaires au crédit

Par ailleurs, l'autre grande priorité de l'heure est de s'assurer que les entreprises aient accès au crédit. Les entreprises doivent notamment voir dans la période actuelle de repli de la demande pour leurs produits ou leurs services une opportunité d'investir dans l'innovation et dans la formation de la main-d'oeuvre, afin de continuer à être les meilleures et les plus compétitives lorsque la demande rebondira.

Pour ce faire, elles ont besoin de liquidités. Or certaines grandes banques n'hésiteraient pas, selon certains, à leur réclamer des taux de financement de l'ordre de 15% à 18%. C'est beaucoup trop, c'est excessif et autant dire que ces banques ne veulent pas prêter.

Il n'y a pas de crise de liquidités au Canada, mais des institutions prêteuses frileuses qui en restreignent l'accès. Et si cette attitude continue de s'avérer et persiste alors que se joue actuellement l'avenir de dizaines d'entreprises et de milliers d'emplois, ces banques pourraient bien être taxées d'avoir été des artisans du prolongement de la récession ou d'avoir contribué au plongeon de l'économie canadienne dans une véritable dépression.

Je suis persuadé que les dirigeants des grandes banques canadiennes, qui risquent de surcroît d'être elles-mêmes victimes de leur attitude, ne souhaitent pas passer à l'histoire affublées de cette étiquette.

L'auteur est économiste et conseiller principal au cabinet de relations publiques National.