Valérie, nos soupers du vendredi soir sont bel et bien terminés. Alors, finies les discussions sur la conciliation travail-famille, les hommes, les peines d'amour et la radio québécoise que tu aimais tant. Tu sais, tu nous manqueras infiniment.

Toi seule pouvais nous parler avec la même passion et la même admiration de Roger Drolet et de Rufus Wainwright; toi seule pouvais passer des heures à écouter, la nuit, Jacques Faby ou Julien Clerc. Ton éclectisme, ton indépendance d'esprit, ta conviction à aimer sans avoir besoin de l'approbation de la masse nous manqueront.

Qui pouvait rêver d'une amie qui parle de botanique, des poireaux du jardin à Sutton qu'il fallait récolter avec tes parents, des purées supra élaborées que tu préparais pour Pavel (Dieu qu'on se sentait coupable d'avoir acheté tout fait), du dernier poète à la mode ou d'un chanteur populaire, et tout cela, avec une égale ferveur.

Tu étais unique, tu étais belle - tu ne l'as jamais été autant que lorsque tu portais Pavel, ton petit amour, et que tu te réjouissais de tes rondeurs... à partir de sa naissance, il est devenu le centre de ta vie, nous savions tout de lui. Il peut être fier de sa maman.

Nous étions trois, le trio infernal comme on nous appelait à l'époque, à aller voir des spectacles pour nos critiques respectives; nous avions ensemble des fous rires, parfois c'était l'emmerde, ce qui multipliait les coups de coude, les regards complices et ceux inquiets des relationnistes. On se disait à l'oreille des choses que nous n'aurions jamais osé dire en ondes. Mais toi, tu réussissais toujours à le faire avec intelligence, pertinence et humour.

Tu nous manqueras comme tu manqueras à tant d'autres. Et, pour nos prochains mauvais jours, il nous faudra trouver une autre voix rassurante. Car, malgré tes inquiétudes, tes angoisses, tu savais te faire réconfortante pour les autres.

Valérie, nous sommes plusieurs à te pleurer. Mais tu nous connais: à l'image de nos soupers où nos voix s'élevaient, même à deux, nous ne pouvions le faire en silence.