Hier soir, postés devant notre écran de télévision, nous avons assisté à la victoire de Barack Obama, premier Afro-Américain président des États-Unis.

J'avais réuni autour de moi nos enfants «reconstitués». Les miens, aussi blancs qu'ils sont beaux, et ceux de ma conjointe, aussi noirs qu'ils sont beaux.

 

J'ai profité de ce moment pour dire aux enfants de ma conjointe que dans les veines du nouveau président coule un peu de leur sang, le sang de l'Afrique. Je leur ai aussi rappelé que les ancêtres de Barack Obama sont les mêmes que les leurs et que les blessures tout entières du peuple africain, grâce à la magie du rêve américain, vont peut-être guérir encore plus vite, encore mieux.

Tantôt, en les accompagnant à l'école, je leur expliquerai que toutes les petites insultes, toutes les petites injustices dénuées de sens qu'ils subissent parfois et qui leur font du blues à l'âme, vont maintenant leur faire moins mal. Qu'ils doivent à l'avenir s'inspirer de M. Obama pour bâtir leur confiance, pour ne pas avoir peur, pour se sentir égaux aux autres tout le temps. Pour être fiers d'arborer une chevelure frisée, une peau couleur de l'ébène et un nom si peu commun.

Et puis, j'irai travailler en sifflotant, avec le sourire au coeur en pensant que des jours nouveaux s'en viennent et que les mots galvaudés par mes pairs, que l'on entend ça et là, les petites phrases du quotidien qu'on ne relève plus, tout d'un coup seront moins lourdes, porteront moins loin, passeront au-dessus de ma tête aussi vite que passe une averse d'été.

Enfin, ce soir, en famille, nous écrirons une lettre au nouveau président que nous signerons avec nos noms si différents, si mélangés, si solidaires, leurs origines résonnant autant sur les collines de Bujumbura, que sur le parvis de la Tour Eiffel et sur le Mont-Royal.

Nous joindrons des photos du bonheur que nous avons d'être ensemble, en ces jours bénis pour l'Amérique en disant à Barack Hussein Obama combien nous l'aimons et combien nous le supportons pour tout l'espoir de réconciliation qu'il fait naître en nous. Nous en profiterons pour lui envoyer notre soutien et nos encouragements pour l'immense tâche qu'il a de changer la couleur de tout un continent.

L'auteur est un Montréalais.