Depuis mardi dernier, beaucoup d'encre coule sur l'avenir du Parti libéral du Canada. À l'aube d'une nouvelle course à la direction, cinq leçons se doivent d'être tirées de la dernière défaite électorale du PLC.

Leçon no 1: Stéphane Dion ne doit pas porter à lui seul le fardeau des dernières dégringolades libérales. Certes contesté, M. Dion est cependant un homme de principe, d'intégrité et de vision. La marque de commerce avait commencé à pâlir bien avant son arrivée à la tête du parti.

Leçon no 2: L'obligation première du prochain chef sera de bâtir et d'assurer l'unité au sein des troupes libérales. Celui-ci aura la très difficile tâche de rapprocher les différents clans qui se tiraillent depuis près de 25 ans. Les différentes guerres intestines ont grandement hypothéqué l'unité de corps du PLC. Sans unité, il ne peut pas y avoir de cohésion; sans cohésion, le parti n'est pas digne de gouverner.

Leçon no 3: Dès aujourd'hui, le PLC devra accentuer ses efforts afin d'achever la réforme institutionnelle débutée en 2005-2006, mais mise aux rancards depuis 18 mois. Sa structure organisationnelle et financière est désuète et mal adaptée au nouveau cadre juridique qui régit les règles du jeu de l'arène politique fédérale. Le PLC devra doubler, tripler, quadrupler son nombre de militants et de donateurs; une nouvelle génération de libéraux qui permettra au parti de faire compétition avec la «Big Blue Machine» albertaine.

Leçon no 4: Au-delà des aspirations personnelles, les candidats à la direction devront inspirer un brassage d'idées qui s'avère essentiel pour relancer le PLC. Économie, mondialisation, environnement, vieillissement de la population, santé, pauvreté, la paix dans le monde, la place du Québec dans la fédération canadienne, etc. Tout doit y passer. Sans filtre, sans réserve, sans censure!

Les idées sont au centre même de l'activisme politique. Le PLC doit à nouveau inspirer les Canadiens par ses politiques progressives et modérées. Le parti doit faire une place de choix aux libres penseurs et aux grands réformateurs. Pour le bien du pays, les dogmatiques du parti doivent laisser libre cours à la naissance d'un nouvel idéalisme.

Leçon no 5: Tous les aspirants candidats à la direction se doivent d'accepter l'indéniable constat que la résurrection du PLC comme le «natural governing party of Canada» passe par un sérieux regain de vie au Québec. Ce regain ne sera jamais possible tant et aussi longtemps que l'establishment du parti ne voudra pas se mettre au même diapason que l'ensemble des Québécois. Le PLC devra être à l'écoute de son aile plus nationaliste du Québec. Il ne doit pas faire comme si souvent dans le passé, soit museler ou simplement ignorer ces militants qui détiennent la clé pour ouvrir la voie à une percée dans l'électorat francophone du Québec.

Cela dit, il y a de l'espoir pour les libéraux fédéraux. La prochaine course à la direction offre une occasion en or aux sympathisants libéraux. À eux de la saisir afin de mener au vrai brassage d'idées qui s'impose. Il faut prendre le temps de réfléchir sur l'histoire récente du parti, analyser comment les Canadiens se perçoivent et perçoivent le rôle de l'État, pour ainsi mieux saisir les démarches à prendre afin de se repositionner pour son avenir au-delà de simplement «reconquérir le pouvoir». Les vrais gagnants de cet exercice pourraient être les 62,4% d'électeurs (78,3% au Québec) qui n'ont pas fait du Parti conservateur leur choix pour gouverner le Canada.

L'auteur est un ancien directeur général de l'aile québécoise du PLC.