Personne ne peut être contre la vertu et s'opposer au fait de passer du système de la télévision analogique au numérique. Oui, l'image sera plus belle et la neige restera dehors en hiver.

Mais il y a un mais. Cette décision unilatérale prend en otage une partie de la population qui n'a pas les moyens financiers ou physiques de se procurer ce qu'il faut pour transformer leur vieille télé.

Quels sont nos choix maintenant? Se procurer un décodeur et une antenne pour la somme d'environ 60 dollars (si on en trouve!) ou nous abonner au câble ou au satellite, ce qui implique forcément une augmentation substantielle de la facture.

Depuis longtemps, je regarde ma vieille télé et je résiste à m'endetter pour que trône un écran plat dans mon salon. Après avoir enquêté sur le coût d'un tel changement, et m'être insurgée contre la façon dont on nous a poussés au pied du mur, j'ai changé d'idée. Ce passage obligé au numérique m'apparaît comme une stratégie surtout profitable aux marchands du temple numérique.

Au moins, on aurait pu faire comme aux États-Unis et offrir le décodeur, en partant du principe que la télévision de base est encore un service gratuit. Et puis, que dire de toutes ces télévisions qui poussent comme des champignons sur les trottoirs (probablement encore bonnes). Pas très écologique!

Imaginez comment ont pu réagir les personnes qui vivent en CHSLD, et qui, depuis le 1er septembre, regardent le mur ou l'écran noir. Difficile pour un aîné à mobilité réduite ou vivant avec le minimum de revenu garanti d'avoir accès à cette nouvelle image de rêve.

Je ne suis pas contre le changement, je suis contre la prise en otage. La publicité soulignait que pour moins de 100$, on pouvait se procurer le décodeur. Ce n'est pas cher! Cela dépend pour qui!

Mais peut être qu'un petit miracle se produira et que les téléspectateurs analogiques découvriront le plaisir de la lecture ou du placotage sur le balcon. Cela serait un moindre mal. On peut toujours rêver sans écran...