En ce 40e anniversaire de l'événement Stonewall, je pourrais vous parler de ces 80 pays dans le monde qui jugent l'homosexualité illégale et condamnent les lesbiennes et gais «fautifs» à des sentences pouvant atteindre la prison à vie, et du fait que, parmi ces pays, cinq prononcent des peines de mort à leur endroit. Je pourrais aussi vous entretenir des luttes que doivent mener les membres des groupes lesbiens, gais, bisexuels, et trans (LGBT) américains ou européens afin d'obtenir les droits légaux dont nous jouissons ici. Mais je ne le ferai pas!

En ce 40e anniversaire de l'événement Stonewall, je pourrais vous parler de ces 80 pays dans le monde qui jugent l'homosexualité illégale et condamnent les lesbiennes et gais «fautifs» à des sentences pouvant atteindre la prison à vie, et du fait que, parmi ces pays, cinq prononcent des peines de mort à leur endroit. Je pourrais aussi vous entretenir des luttes que doivent mener les membres des groupes lesbiens, gais, bisexuels, et trans (LGBT) américains ou européens afin d'obtenir les droits légaux dont nous jouissons ici. Mais je ne le ferai pas!

Je vais plutôt vous parler d'égalité sociale ou, plutôt, d'inégalités sociales. Celles vécues au Québec, entre autres, par les jeunes, les aînés et les travailleurs LGBT où la discrimination réelle et potentielle se vit au quotidien. Pour illustrer ces réalités, je vous propose quelques exemples de personnes qui savent de quoi il en retourne:

• Chloé: «Moi, je me faisais battre chaque jour, il me faisait même manger mon propre vomi des fois. Dégueulasse. Ç'a duré de 5 ans à 16 ans, ça fait que j'ai été pas mal martyrisée.»

• Jean-François: «Mais moi, je veux dire aux intimidateurs que l'homophobie, cela a des conséquences, parce que moi, j'ai fait deux tentatives de suicide à cause de cela...»

• Pier-Antoine: «Je serais plus réticent (a dire que je suis gai) face aux personnes plus âgées, peut-être les personnes en situation d'autorité. On parle du directeur et plus haut. Il suffit que tu tombes sur quelqu'un qui est antigai pour que ça te coupe des chances de promotion...»

• Diane: «Je lui ai dit (au médecin) que j'étais lesbienne et tout de suite, il a dit: 'Vous devez subir un test de détection du VIH'.»

• Aîné (anonyme): «J'avais un médecin que je devais aller voir en banlieue et une fois qu'il a découvert que j'étais gai, il a dit: 'O.K. Vous êtes correct, je vais signer le papier.' Il ne s'est pas donné la peine de me faire passer un examen.»

Comme dernier exemple, Shanie me racontait récemment que, lors de sa rencontre avec une femme médecin de l'hôpital, cette dernière avait refusé de laisser entrer sa conjointe dans la salle d'examen. En plus, toutes les questions qui lui étaient posées avaient pour prémisse qu'elle était hétérosexuelle. Exaspérée, elle a finalement décidé de lui dire qu'elle était lesbienne. Inutile de vous dire qu'elle est repartie quelque peu frustrée de cette visite.

Bref, l'énumération de situations difficiles que nous rencontrons pourrait continuer ainsi tellement il y en a. Et je ne parle même pas du lobbying de l'extrême-droite religieuse et de ses répercussions au sein de notre société et de nos instances politiques.

Alors, vous comprendrez que, face à ces réalités qui sont les nôtres, je sois toujours estomaqué d'entendre que notre défilé n'a plus sa raison d'être. Et je vous fais grâce des raisons justifiant ce constat. Je désire simplement réaffirmer que témoigner de notre existence et de notre contribution au développement de la société, et célébrer nos milliers de petites victoires personnelles et collectives, qui nous affranchissent de la honte, de l'isolement et de la violence, est tout à fait justifié et nécessaire. Tant que nous ne pourrons parler librement de qui nous sommes dans nos milieux de travail sans peur de perdre notre emploi ou une promotion, tant que nous serons battus dans les cours d'école, tant que nous seront discriminés au sein du réseau de la santé, le défilé aura sa raison d'être.

Que ce soit comme spectateur ou participant, nous pouvons toujours défiler ou passer notre tour: chacun a le droit de choisir. Pour ma part, la question n'est plus de savoir si notre défilé est toujours pertinent et si nous devons y participer, mais bien de savoir pour encore combien d'année nous aurons à le faire avant que nous ayons droit à l'égalité sociale.

Nous vous souhaitons une excellente Fierté 2009, où que vous soyez!

L'auteur est président-directeur général du Conseil québécois des gais et lesbiennes (CQGL).