Toute cette histoire de dérapage dans le diagnostic du cancer du sein nuira une fois de plus à la crédibilité de notre système de santé et des services sociaux, et apportera sans doute de l'eau au moulin aux partisans de la privatisation, et des sous dans les poches de nos pauvres médecins.

Toute cette histoire de dérapage dans le diagnostic du cancer du sein nuira une fois de plus à la crédibilité de notre système de santé et des services sociaux, et apportera sans doute de l'eau au moulin aux partisans de la privatisation, et des sous dans les poches de nos pauvres médecins.

Mais se pourrait-il que l'énorme réforme structurelle de ce réseau amorcée par les libéraux sous la houlette de Philippe Couillard, alors ministre, et animée d'une volonté sans précédent de contrôle, sous prétexte de performance, soit ingérable et lui fasse oublier l'essentiel?

Cette réforme, qui n'est pas encore terminée, a donné lieu à la création de «Titanic» administratifs - les centres de santé et de services sociaux, regroupant en une seule entité CLSC, hôpitaux non universitaires, et centres d'hébergement, sur de grands territoires -, a été lancée afin de mieux répondre aux besoins de santé et de services sociaux des populations locales, et de laisser plus d'autonomie aux instances publiques regroupées.

Or, force nous est de constater que les agences régionales, et surtout le ministère, sortent renforcés de tous ces changements, et qu'en définitive, ce sont ces instances qui gèrent le local, définissent les priorités dans leurs moindres détails, ainsi que les paramètres de la performance conçus à partir de modèles savamment chiffrés, mais complètement détachés des réalités concrètes.

Et ce ministère, qui n'a plus assez d'yeux et d'oreilles à vouloir tout faire, finit par échapper à sa mission première, celle de voir à ce que les besoins des Québécois soient adéquatement comblés, et permettre aux instances locales de faire le travail. Chacun son rôle, et peut-être qu'ainsi, l'encadrement de la qualité des tests de laboratoire pour les cancers ne passera pas sous le tapis, pour ne nommer que cet exemple.

À vouloir tout contrôler, et fixer les priorités selon la pression des médias et de l'opinion publique, on oublie l'essentiel, l'être humain, qui, lui, ne vit pas selon un modèle découpé en silos, programmes, sur des territoires complètement artificialisés. Le système organisationnel du réseau souffre d'obésité, et a rayé de son vocabulaire le mot «décentralisation».

Nombre d'intervenants et de gestionnaires essoufflés, dont ceux issus des CLSC, aspirent à retrouver des milieux de travail plus humains, ou à gagner au plus vite l'âge de la retraite, et ce, même s'ils aiment leur profession. Dommage, vraiment dommage...

L'auteure est une employée du réseau de la santé à Longueuil.