Moins de la moitié des travailleurs qui contribuent au financement du régime de l'assurance emploi ont accès aux prestations de ce régime. Il n'est donc pas étonnant que la crise économique actuelle révèle au grand jour cette lacune majeure du régime.

Mais faut-il, comme le suggèrent certains syndicats et partis politiques fédéraux, réduire à sa plus simple expression les conditions d'accès à l'assurance emploi? Est-il acceptable qu'une personne qui a travaillé quelques semaines, ait droit à des prestations sans condition pendant plusieurs mois, voire une année complète?

Le gouvernement fédéral a développé une profonde culture de dépendance, la « culture du 10-42 » comme on l'appelait. Il suffisait d'enregistrer des gains d'emplois pendant dix semaines pour recevoir « du chômage » pendant le reste de l'année. Puis le gouvernement a déployé d'importants efforts pour sortir de ce cercle vicieux. Il ne faudrait tout de même pas que la crise économique nous ramène à ce type de comportement et que de surcroit, il se généralise à travers le Canada.

La crise économique entraîne son lot de mises à pied et il faut se préoccuper de l'accès aux programmes d'indemnisation en cas de chômage. Mais il faut voir au-delà de la crise. Le Québec et le Canada connaissaient, avant 2009, de sérieuses pénuries de main-d'oeuvre qualifiée. Ces problèmes vont inévitablement s'aggraver au cours des prochaines années. Il faut donc s'attaquer à la cause première du chômage, soit le manque de formation et de qualification des chômeurs.

Le régime d'assurance emploi doit évoluer rapidement vers un régime de soutien financier à la qualification professionnelle des chômeurs. Il faudrait qu'au moins 75 % du temps des chômeurs soit consacré à la formation. En profitant des périodes de chômage pour se recycler, pour rehausser leurs compétences et pour répondre aux exigences des emplois en demande, les chômeurs contribuent à leur propre succès d'intégration dans des emplois plus stables.

Dans notre univers de l'économie du savoir, il est inconcevable d'envisager des bonifications au régime de l'assurance-emploi qui auraient simplement pour effet de payer un plus grand nombre de personnes à ne rien faire. Ces chômeurs, qui sont des victimes de la crise, ne peuvent pas attendre passivement que la reprise économique revienne. Ils doivent s'y préparer activement, en améliorant leur formation. C'est la meilleure marque de respect que nous pouvons leur porter. Il faudra le faire, bien sûr, sans oublier les travailleurs en fin de parcours, à quelques années de la retraite, pour qui une formation n'est pas essentielle. Ceux-ci ont contribué toute leur vie à la caisse de l'assurance emploi, il ne faut pas les laisser tomber.

À moyen terme, il faudrait même que le régime de l'assurance emploi permette aussi à des personnes en emploi de pouvoir prendre un congé d'études, notamment pour acquérir les compétences requises pour accéder à des emplois en pénurie sur le marché du travail.

Investissons dans la formation. C'est la réforme la plus intelligence du régime de l'assurance emploi qui puisse être envisagée.

L'auteure est présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec.