Je suis médecin spécialiste dans un centre hospitalier montréalais.

Saviez-vous que vendredi dernier, 40 % des patients ayant pris un rendez-vous ne s'y sont pas présentés ? De plus, l'immense majorité de ceux-ci ne prennent pas la peine d'annuler leur rendez-vous, privant ainsi d'une place quelqu'un d'autre.

Parlez-en à mes collègues médecins, infirmières et réceptionnistes du réseau. Ils trouveront résonnance à mes propos.

Tout le monde se plaint du système de santé, mais il y a une certaine déresponsabilisation d'une partie de la société.

En endoscopie (coloscopie), le ministère de la Santé a exigé que l'on donne trois chances - c'est-à-dire trois rendez-vous - aux patients devant passer une coloscopie relativement urgente. À mon hôpital, 20 % des patients qui ont confirmé pour ces endoscopies ne se présentent pas et il faut les rappeler pour prendre à nouveau rendez-vous. Faites le calcul en ce qui concerne le temps perdu pour les patients qui attendent des rendez-vous et les équipes qui attendent les patients et qui parfois poireautent.

FERMETURE DE SALLE

Le corps médical a le dos large ces temps-ci, mais certains patients ont besoin de se responsabiliser. Comment faire pour réduire du jour au lendemain les listes d'attente de 20 %, voire plus ? Présentez-vous à votre rendez-vous ! La conséquence des absences en endoscopie est qu'on nous menace de fermer l'une des salles d'endoscopie, faute d'avoir atteint certains quotas administratifs de coloscopie. Trouvez l'erreur. À la fin, c'est toujours la faute des médecins si tout va mal. Nous avons une part de responsabilité, cela est vrai, mais collectivement, nous devons aussi prendre nos responsabilités pour maintenir un système de santé efficace et fonctionnel.

Le ministère soutient nos services en fonction du volume de patients vus. Or, si vous ne venez pas à vos rendez-vous, une réduction de budget s'ensuit. La conséquence : une fermeture de salle et, imaginez, un allongement des listes d'attente et une diminution de services. C'est une gestion à courte vue, à mon avis.

Cependant, il y a des solutions relativement simples à l'accès aux services médicaux, et peu coûteuses : venez donc nous voir, on s'ennuie de vous !

Voilà matière à réflexion...