Mon métier m'amène à sillonner le nord-est des États-Unis plusieurs fois par mois. Plus que jamais, je constate qu'un vent de changement est perceptible dans la population, qu'elle soit de tendance démocrate ou républicaine.

Pour la première fois peut-être depuis John F. Kennedy, les électeurs américains pourraient ne pas rester fidèles à leurs partis respectifs simplement parce que cette fois-ci, le candidat républicain n'est pas aussi républicain que la tradition le voudrait. 

Donald Trump ne s'en cache pas et le dit même à qui veut l'entendre. Il est pro-choix, il croit à un système de santé Medicare amélioré, il est ouvert aux propositions sur le salaire minimum, appuie les LGBT. Il ratisse large dans le terreau fertile des démocrates.

Ainsi, la pression sur les démocrates se fait encore plus sentir, étant donné qu'Hillary Clinton est démocrate tatouée sur le coeur et ne peut se détacher des valeurs de son parti pour aller chercher des républicains. Trump est si puissant dans sa rhétorique qu'il réussit à faire plier les républicains et leur faire accepter des positions modérées provenant des penseurs démocrates.

Imaginez l'impact dans le subconscient des Américains quand le chef des républicains louange Bernie Sanders. Pour l'électeur, Trump a plus de respect pour l'adversaire que la démocrate Clinton.

Le bouillant Trump, que j'ai eu l'occasion de rencontrer et d'entendre en face à face à la suite d'une invitation par le comité républicain du New Hampshire, est probablement le premier depuis Ronald Reagan à parler le langage du peuple et très certainement à réussir à se rapprocher du peuple.

Ce peuple qui, de toute manière, ne voit plus d'occasions pour se sortir de la misère et qui pourrait donc voter contre sa propre conscience, quitte à renier l'attachement au Parti démocrate.

En fait, le système Trump marche tellement fort qu'il réussit à convaincre la population que c'est le Parti démocrate qui est un parti arriviste à la solde de groupes de pression et qu'il se situe à des années-lumière du bien commun et du gagne-petit. C'est fort, très fort.

Ce n'est pas pour rien que Trump fait des rencontres avec des gens du peuple triés sur le volet et leur parle, par exemple, dans une usine désaffectée de Sylvania, au New Hampshire. C'est parce que le message porte et reste ancré dans la tête des électeurs. Après tout, Sylvania a délocalisé une partie de sa production au Mexique.

Trump est donc en train de permettre au Parti républicain de devenir le parti du peuple tout en faisant en sorte de transformer l'image du Parti démocrate et d'en faire maintenant le parti de l'establishment, ce qui, avant son arrivée, était réservé au Parti républicain.

J'ai rarement vu mes amis républicains du New Hampshire (ceux qui étaient chargés des campagnes de Rubio, Fiorina et Bush) me dire qu'ils réussissent à convaincre des démocrates que leur parti les a abandonnés et que Trump, lui, va les accueillir à bras ouverts. Ils ne sont pas de grands admirateurs de Trump, mais comme ils se plaisent à le dire, « Anything but Hillary ».

Ils n'ont qu'à lancer que Trump n'est à la solde de personne pour que la magie opère. La chose fonctionne, croyez-moi : je l'ai vécu lors d'un événement pro-Trump à Manchester il y a quelques semaines, et je l'ai vécu dans des rencontres privées avec les organisateurs républicains.

Qui plus est, le discours fatigué des démocrates et l'usure du pouvoir des années Obama porteront ombrage à Hillary Clinton.

Quand les démocrates se disent qu'à tout le moins Trump est un faux républicain qui pense au peuple, alors je crois que tout est possible. Il reste maintenant très peu de temps aux premiers ministres Couillard et Trudeau pour se faire amis avec les proches de Trump.

Je sais très bien, pour être près de l'équipe Trump, que nos premiers ministres n'ont pas encore pris contact avec lui et son équipe, mais qu'ils sont bien en selle avec Clinton et son équipe. Si j'étais à leur place, je me dépêcherais à devenir ami avec Daniel Scavino, Scott Brown, Paul Lepage (ou plutôt sa fille !) voire même Matt Ciepilovsky, du New Hampshire... Je pense que ça presse.