Les règlements à Montréal sont régulièrement bafoués et cela n'a rien de surprenant, car la Ville elle-même ne les prend pas très au sérieux.

Réal Ménard a fourni un bel exemple de cela alors qu'il annonçait un resserrement du règlement municipal sur le recyclage. Aucune « police », a-t-il affirmé, n'assurera l'application de ce règlement, sans doute pour rassurer les futurs contrevenants.

Et ce ne sera pas le premier règlement de la Ville dont la mise en oeuvre sera déficiente. À en juger au nombre d'infractions, la Ville ne semble pas très intéressée à faire respecter les heures de fermeture des parcs d'enfants, les interdictions de chiens dans ces mêmes parcs, les délais imposés pour mener à terme les travaux de rénovation, les heures de collecte des ordures, les normes de salubrité des logements, les règlements sur la propreté, pour ne citer que quelques exemples.

Pourquoi cette attitude ? Sans doute par calcul politique.

La réglementation vise généralement à réduire les nuisances que le comportement des uns impose aux autres. Les passants qui souillent les trottoirs détériorent l'expérience des autres marcheurs, d'où l'adoption de règlements sur la propreté. Les nombreux graffitis que l'on retrouve à Montréal détériorent le patrimoine foncier et nuisent à l'expérience visuelle des résidants et des visiteurs, d'où les sanctions prévues à l'encontre des contrevenants. En d'autres termes, l'adoption de règlements donne aux citoyens dérangés par des nuisances l'impression que les autorités agissent pour améliorer leur qualité de vie. Les politiciens en retirent donc un certain bénéfice politique.

L'adoption de règlements a cependant aussi un coût politique. Un règlement signale nécessairement que les comportements qu'il vise à changer sont indésirables ; que ceux et celles qui adoptent ces comportements sont délinquants, ce qui ne va généralement pas sans déplaire à ces personnes.

Certaines d'entre elles pourraient trouver exagéré qu'on les pénalise parce qu'elles mettent aux ordures des emballages cartonnés ou parce qu'elles jettent leurs mégots de cigarette sur les trottoirs et en conséquence critiquer sévèrement les politiciens responsables des règlements. Ce pourrait donc être pour réduire le coût politique de la réglementation que les politiciens acceptent que les pénalités prévues aux règlements soient appliquées avec laxisme.

DES EFFETS TERRIBLES

Les effets de ce calcul politique sont terribles pour la Ville de Montréal. Les comportements nuisibles étant nombreux, la ville est sale à de nombreux endroits, les parcs d'enfants ne sont pas aussi sécuritaires que les parents le souhaiteraient, plusieurs propriétés privées sont dans un état de délabrement inacceptable, des ruelles sont inutilisables par les riverains...

Le résultat global est que la valeur foncière de propriétés bien entretenues est en deçà de ce qu'elle devrait être et l'exode vers les banlieues est sans doute partiellement expliqué par ce phénomène. Parions enfin que la Ville aura beaucoup de difficultés à atteindre ses objectifs en matière de recyclage.

Il serait donc souhaitable que les élus montréalais mettent de côté ce calcul politique et prennent les moyens nécessaires pour assurer l'application des règlements de la Ville.