Il est vrai que les dirigeants de l'époque de l'ère Drapeau ont pris des décisions discutables en matière de développement urbain.

Le maire voulait certainement requalifier un secteur urbain qui en avait besoin, pensant probablement que l'ouest de la ville était suffisamment équipé pour poursuivre son développement. J'étais à cette époque encore à l'école d'architecture et je me disais que ce projet de tour avec son basilaire n'avait aucun sens pour le personnel de cette grande institution. Il est sûr qu'un projet mieux dessiné aurait pu contribuer à valoriser ce secteur. Ce ne fut pas le cas.

La valeur évaluée par la Ville (104 millions) ne tient pas la route et les taxes exigées au futur acheteur, ajoutées au coût de financement sur une période de 15 ans, rendent cette hypothèse surréaliste.

Le simple coût annuel de détention de ce terrain serait approximativement de 25 millions. Totalement impensable, sans oublier les coûts de décontamination et de réfection des infrastructures. Il est clair que ce terrain ne vaut pas les 100 millions demandés par Radio-Canada.

Trois soumissionnaires retenus il y a près de quatre ans par la SRC l'ont dit et répété, au point que deux de ceux-ci se sont retirés, jugeant la position de SRC totalement irréaliste.

UN IMPACT MAJEUR

Revenons sur l'impact qu'aurait le départ de la SRC de ce secteur. Il serait majeur. Il faut se rappeler l'effet qu'a eu la revitalisation du Quartier international de Montréal dans le secteur du Palais des congrès et de la tour de la Bourse. Ce fut exceptionnel. Revitalisation du secteur, lieu attirant pour les développeurs et augmentation de la valeur de l'assiette foncière. Tout un changement pour une zone jugée minable à l'époque, avec son autoroute à ciel ouvert et ses nombreux stationnements.

Cet exemple démontre clairement qu'il est possible de créer un milieu attrayant pour Radio-Canada et qui devrait servir de modèle. Abandonner ce terrain serait condamner ce secteur est de la ville à un déclin certain pour au moins deux décennies. 

Radio-Canada doit prendre la mesure de ses décisions du passé et doit assumer un leadership dans la revitalisation de ce quartier. Ce qu'elle n'a jamais fait.

Plusieurs projets en devenir en dépendent : la gare Viger et la revitalisation et la transformation du square Viger - le plus grand square du Canada -, sans compter la transformation du terrain de la brasserie Molson.

Il est urgent que Radio-Canada prenne conscience de son rôle important comme acteur majeur dans le devenir de ce quartier. Il serait trop facile de prendre une décision aussi majeure en reniant le fait que tout un quartier a disparu, il y a 40 ans, pour y installer Radio-Canada. Quitter ce quartier aujourd'hui consacrerait le massacre amorcé probablement avec de bonnes intentions, mais maladroitement conçu pendant l'ère Drapeau.

Sans Radio-Canada sur ces lieux comme pierre angulaire du redéveloppement, il est utopique de penser à un retour rapide à une vocation monofonctionnelle de type résidentiel dans ce secteur ! Le taux d'absorption actuel de résidences abordables est approximativement de 100 unités par année dans le secteur.