Depuis l'annonce de sa candidature en vue de représenter le Parti républicain, Donald Trump a fait couler beaucoup d'encre et assécher la bouche de la plupart des commentateurs des deux côtés de la frontière.

Il peut d'ailleurs se vanter de mener la course à l'investiture républicaine sans devoir dépenser en publicité. Les médias, accrocs au scandale et à la nouvelle provocante, le font pour lui.

Raciste, bigot, stupide, sectaire, fasciste, les commentateurs épuisent leurs réserves d'hyperboles afin de décrier les paroles de cet homme, semblant oublier ce vieil adage qui nous rappelle que l'important, c'est d'en parler, que ce soit en bien ou en mal.

Aveugles aux conséquences de leur propre conduite, ces commentateurs n'en finissent plus d'offrir à Trump un espace médiatique sans précédent, se désolant et s'indignant ensuite de sa montée dans les sondages.

Se collant à chacune de ses paroles sans prendre la peine de réaliser une vraie analyse, ils en oublient l'essentiel. Aucun politicien ne connaît plus les médias et leur impact sur le public que Donald Trump.

Et si ce monsieur n'était pas celui que l'on pense ? Et si les journalistes, au lieu d'ergoter sur le dernier commentaire volontairement provocant de Trump, prenaient la peine de creuser la nouvelle ? Peut-être seraient-ils en mesure de noter de nombreuses anomalies chez le personnage, incongruités assez nombreuses pour se questionner sur le caractère véritable de ce dernier.

Un tel grossier personnage aurait-il comme invitée Hillary Clinton à son mariage, assise dans la première rangée ? Aurait-il autant donné à la fondation de cette dernière, ou aurait-il tant financé ses campagnes que celles de plusieurs autres démocrates ?

Et que dire de son commentaire « droit à la jugulaire » à l'endroit du sénateur Cruz, lors d'un débat, lorsque celui-ci a tenté, d'une manière odieuse, de dévaloriser les valeurs de la ville de New York ? Dans sa réplique incisive, Trump s'est porté à la défense de la diversité de cette métropole.

AUGMENTER LA MISE

Dès que l'on prend un certain recul afin d'analyser la campagne du magnat financier, on s'aperçoit rapidement d'une seule chose. Il force, et de manière très volontaire, l'ensemble des autres républicains à augmenter leur mise, à renchérir en positions racistes, bigotes et extrémistes. Les candidats qui refusent un tel jeu, de Jeb Bush à Carly Fiorina, en paient un prix lourd dans les sondages.

Pris de panique, les stratèges républicains envisagent une convention divisée où aucun candidat n'arriverait à rallier l'ensemble des délégués. Ils ne peuvent que constater avec stupeur la dérive extrémiste de leur parti et craindre les retombées néfastes de cette course présidentielle sur les résultats des représentants républicains au Congrès.

Raciste, bigot, stupide, Trump ? Ou au contraire, maître de l'image publique et des médias ? Et derrière cette question se cache l'interrogation fondamentale : « What does Trump really want ? » Bien malin celui qui pourrait répondre clairement à cette question.