Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'éducation, pierre d'assise de l'avenir de toute société, semble occuper, au gré des gouvernements qui se succèdent, la place peu enviable de parent pauvre au sein de l'appareil public québécois.

De coupe en coupe, le métier d'enseignant, jadis respecté et valorisé, a perdu de son lustre comme en font foi certains témoignages d'éducateurs découragés qui subissent les compressions imposées par des ministres-comptables armés de ratios et de colonnes de chiffres, et qui n'ont souvent aucune idée de l'impact de leurs décisions sur ceux qui, sur la ligne de front, enseignants autant qu'étudiants, ont à en vivre les conséquences au quotidien.

Sans oublier qu'à la tâche « normale » d'un enseignant s'est peu à peu greffé un rôle d'éducation et d'apprentissage d'un savoir-vivre qui semble faire cruellement défaut à certaines familles et que l'on observe notamment par le traitement cavalier que réservent aux éducateurs des parents qui n'ont d'yeux et d'oreilles que pour leur enfant-roi...

Moins vindicatifs par nature que d'autres professionnels ou corps d'emploi, les enseignants constituent une cible de choix pour les chevaliers de la rigueur et de l'austérité. Et quand vient le temps des moyens de pression, les syndicats qui les représentent n'ont trouvé mieux que de maintenir des stratégies qui causent un préjudice direct aux parents et qui compromettent le capital de sympathie que la population nourrit à leur endroit.

L'IMPORTANCE D'UN BON MINISTRE

Reste donc aux enseignants la personne qui, à titre de ministre de l'Éducation, saurait faire valoir leurs droits, prendre des décisions éclairées qui valoriseront la profession et renforceront le parcours scolaire des étudiants pour le permettre de rivaliser avec les meilleurs et défendre l'éducation comme pilier de l'évolution de notre collectivité. Aucun message n'est en effet plus éloquent, de la part d'un gouvernement, que le choix du capitaine à qui on choisit de confier la barre du navire de l'éducation.

À cet égard, dès son entrée en fonction, Philippe Couillard se sera montré beaucoup plus solidaire de sa profession que de celle des enseignants.

Il aura lancé un signal on ne peut plus clair et fort du peu d'intérêt et de vision qu'il porte envers le milieu de l'éducation en le confiant à son vieux « pote » Yves Bolduc qui demandait à être consolé devant le triomphant Gaétan Barrette, transfuge de la CAQ venu lui ravir le poste de ministre de la Santé.

Pensant faire mieux, le premier ministre n'aura guère amélioré les choses avec François Blais qui, bien qu'issu du milieu universitaire, s'avère un cerbère de piètre qualité. Campé derrière ses tableaux, celui-ci semble bien loin de ses troupes et surtout incapable de sortir le milieu de l'éducation de son statut de parent pauvre.

Philippe Couillard saura-t-il, à la faveur du remaniement ministériel pressenti, redonner de la crédibilité au milieu de l'éducation ? Rien n'est certain... mais s'il devait inscrire à son palmarès une « troisième prise au bâton », c'est sa crédibilité même comme premier ministre qui ne ferait plus de doute !