Monsieur le premier ministre, je vous interpelle en tant qu'ancien militaire et citoyen inquiet en ce qui concerne votre décision de retirer les 6 avions de chasse F-18 de la coalition américaine contre le groupe État islamique (l'EI).

Mon intention n'est nullement de critiquer votre décision, reconnaissant votre engagement électoral.

Considérant que vous avez modifié votre décision d'accueillir 25 000 réfugiés syriens avant le 1er janvier 2016 et d'échelonner leur arrivée pendant l'année à venir, il m'apparaît dès lors que vos promesses électorales peuvent être modifiées selon l'évolution de la conjoncture, soit-elle régionale, nationale ou internationale. Ne pas le faire serait manquer de discernement et apparaîtrait plutôt doctrinal et idéologique, ce qui n'est pas l'héritage pragmatique qui a si souvent marqué les années de pouvoir du Parti libéral.

Malgré la supériorité aérienne et les bombardements de la coalition depuis déjà plusieurs mois, les troupes de l'EI ont été en mesure de mener des opérations offensives de grande envergure les 16 et 17 décembre derniers au nord de l'Irak, où nos Canadiens sont actuellement déployés. Malgré les succès récents de la coalition, l'EI confirme qu'il a toujours la capacité de préparer et d'exécuter des opérations d'envergure, et le potentiel de bouleverser les lignes de front actuelles.

Malgré un rôle qui se limite à l'entraînement des forces de sécurité kurdes (FSK), nos militaires évoluent dans un environnement où le danger est bien réel.

Ils doivent être armés, prêts à se défendre et même directement contribuer aux efforts de défense commune, comme ce fut le cas la semaine dernière. Contrairement à ce qu'on nous communique, il est évident que nos soldats canadiens, même dans un rôle d'entraînement aux FSK, opèrent dans une zone de guerre. De plus, la gravité de la situation de combat à laquelle ils furent confrontés la semaine dernière nécessita l'apport direct des avions de chasse canadiens afin de rétablir les lignes de défense des FSK, où nos Canadiens sont déployés.

Monsieur le premier ministre, êtes-vous en mesure de garantir à tous nos militaires déployés et à ceux qui le seront prochainement, ainsi qu'à leurs familles, que le retrait des six F-18 n'aura aucun impact sur leur sécurité et n'affectera en rien la capacité de la coalition à les protéger lors d'une autre attaque-surprise des forces de l'EI ? Et, peu importe la situation sur le terrain, pouvez-vous leur confirmer qu'un autre pays se chargera de leur prodiguer l'appui direct requis, au moment précis où ces derniers en feront la demande ?