Le système de collecte sélective à domicile du Québec se distingue comme l'un des plus performants. L'augmentation remarquable du taux de récupération des dernières années en témoigne, nous bénéficions du service le plus pratique pour les citoyens et, par le fait même, le plus efficace.

Aujourd'hui, 85 % des bouteilles de vin et 64 % des bouteilles d'eau sont déposées dans les bacs, geste imité par plusieurs d'entre vous pour les contenants déjà consignés.

Les promoteurs de l'élargissement de la consigne n'ont jamais présenté de plan qui soit à la fois crédible, financièrement viable et qui ne menace pas à terme l'ensemble de la chaîne de valeur du recyclage au Québec. Ils brandissent des contre-exemples à l'extérieur du Québec, en oubliant de préciser que, dans la plupart des cas, la consigne compense dans ces provinces les manques d'un service de collecte sélective déficient.

Multipliant les propositions improvisées, ils ne prennent jamais en compte ni les coûts réels ni les impacts de leurs projets, qu'il s'agisse de la construction de centres de dépôt, de l'installation de gobeuses dans les centres commerciaux ou du financement du système par une taxe.

Parce qu'implanter un système de consigne coûte cher et est moins efficace. Quelques exemples ? La récupération du plastique coûte sept fois plus cher par la consigne que par la collecte sélective. Consigner les bouteilles de vin et de spiritueux, d'eau et de jus n'éliminera pas le verre ni le plastique du bac en raison de tous les autres contenants. Et dans tous les cas, les consommateurs préfèrent utiliser le bac que de se déplacer, comme en témoignent les résultats d'un sondage récemment publié.

Ironiquement, la consigne représente aussi un fardeau en matière de développement durable, puisque le dédoublement du transport des matières consignées et collectées génère une augmentation des gaz à effet de serre (GES). Un non-sens au moment où la lutte contre les changements climatiques est une priorité pour le Québec.

Des améliorations ciblées à la collecte sélective donneront de meilleurs résultats.

« La consigne est l'instrument de choix pour la récupération des contenants réutilisables. La collecte sélective est l'instrument de choix pour les contenants jetables », telle est la conclusion d'une présentation du chercheur responsable de l'étude du Centre de recherche en économie de l'environnement, de l'agroalimentaire, des transports et de l'énergie, en octobre dernier.

Voilà pourquoi nous ne remettons pas en question la consigne sur les contenants à remplissage multiple, tels que les bouteilles de bière brune, et souhaitons même la modernisation de ce système. Quant à la récupération des contenants de boisson à remplissage unique, non seulement le système a-t-il été déjà modernisé, il a subi une véritable révolution. Bien sûr, il reste des améliorations à apporter, mais plusieurs actions portent déjà des fruits. Les débouchés du verre se diversifient grâce à la recherche et développement. Les centres de tri amorcent un virage important et vont pouvoir se moderniser grâce à un investissement majeur annoncé par les entreprises privées qui génèrent les contenants, les emballages et les imprimés qui se retrouvent dans le bac et qui, rappelons-le, financent 100 % des coûts nets de la collecte sélective au Québec.

En parallèle, les municipalités doivent continuer leurs efforts d'optimisation en étant plus exigeantes sur la qualité de la collecte et du tri, mais aussi en poursuivant l'installation de bacs de récupération dans les espaces publics : partout au Québec, à côté de chaque poubelle, il doit y avoir un bac.

Nous sommes résolument contre l'élargissement de la consigne des contenants de boisson. De tous les scénarios possibles, l'amélioration continue de la collecte sélective reste la seule solution efficace, cohérente avec les objectifs du Plan d'action sur les changements climatiques, la plus simple pour les citoyens et la plus économique pour obtenir la meilleure performance en matière de recyclage et de développement durable.

* Françoise Bertrand, présidente-directrice générale, Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) ; Normand Clermont, président, Tricentris (OBNL-204 municipalités membres et clientes) ; Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale, Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) ; Élizabeth Comere, directrice environnement et affaires gouvernementales, Tetra Pak États-Unis &  Canada ; Isabelle Faucher, directrice générale, Conseil canadien des manufacturiers de carton multicouches (CCMCM) ; Louise Fecteau, présidente, Gaïa environnement inc. ; Pierre Fillion, président-directeur général, Fédération des plastiques et alliances composites (FEPAC) ; Michel Gadbois, président, Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA) ; Florent Gravel, président-directeur général, Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ) ; Élizabeth Griswold, directrice générale, Association canadienne des eaux embouteillées ; Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale, Fédération canadienne de l'entreprise indépendante - Québec (FCEI) ; Christian Houle, président, CST Canada Co. (Dépanneurs du Coin) ; Johnny Izzy, vice-président exécutif et directeur général, Gaudreau environnement inc. ; Jean Lefebvre, vice-président, Affaires gouvernementales, Restaurants Canada ; François Meunier, vice-président, Affaires publiques et gouvernementales, Association des restaurateurs du Québec (ARQ) ; Sébastien Nadeau, secrétaire général, Association des viniculteurs négociants du Québec (AVNQ) ; Pierre Paré, président-directeur général,  Groupe Machinex ; Yvan Quirion, président, Association des vignerons du Québec (AVNQ) ; Frédérik Richard, président, NI Corporation inc. ; Louis Robitaille, vice-président, directeur général, Plastrec inc. ; Nathalie St-Pierre, vice-présidente, Développement durable et Québec, Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) ; Léopold Turgeon, président-directeur général, Conseil québécois du commerce de détail ; Daniel Vielfaure, directeur général, Bonduelle Amériques ; Jan H. Westcott, président et chef de la direction, Spiritueux Canada