Le chroniqueur Patrick Lagacé écrivait, le premier décembre à propos de la rémunération des médecins, l'extrait suivant :

« Non, la magie, c'est quand les enveloppes contiennent encore des sous à la fin de l'année financière ! Car quand il y a encore des sommes non dépensées dans l'enveloppe, devinez ce qu'on fait ? On les laisse dans l'enveloppe, pour les années où ça coûtera plus cher ? Non ! On redonne le cash - "le solde cumulatif non dépensé" - aux médecins de façon rétroactive ! »

Désolé, mais cette affirmation est fausse, du moins pour les médecins omnipraticiens. Cela s'est produit une seule fois en 2004 (il y a 11 ans), après un jugement concernant d'autres professionnels de la santé qui a eu une incidence sur nos propres ententes.

Cependant, le tout a été corrigé depuis. Il est dorénavant prévu dans nos ententes que soit des ententes spécifiques doivent être convenues avec le gouvernement pour que les sommes non dépensées soient réinvesties dans les années à venir dans des mesures d'efficience, soit le gouvernement récupère lesdites sommes. Il y a des mécanismes prévus pour gérer ces situations, et il n'y a aucun automatisme !

De plus, nous croyons qu'il aurait été de mise de nous contacter pour comprendre la mécanique de nos ententes et savoir ce qu'il en était véritablement en 2015.

La vérité et l'exactitude des faits ont-elles encore de l'importance ?

Cela va aussi pour la chronique de Francis Vailles publiée le 3 décembre où l'auteur parle de primes aux médecins, sans jamais mettre en contexte le fait que la rémunération des médecins est ainsi bâtie.

On ne parle pas de bonus éhontés ou de cadeaux de Noël, mais d'incitatifs à la productivité qui font partie de la rémunération globale des médecins. Ces incitatifs ont d'ailleurs donné des résultats probants ces dernières années dans le cas des médecins de famille, notamment la prise en charge de 1 602 783 nouveaux patients depuis 2012. De plus, M. Vailles porte des constats sans nuances qui auraient mérité des explications.

Le nombre de visites de patients vulnérables baisse ? C'est peut-être une bonne nouvelle, puisqu'il s'agit probablement du fruit d'une excellente collaboration interprofessionnelle dans les groupes de médecine de famille (GMF) où les infirmières cliniciennes peuvent faire le suivi d'un patient diabétique, par exemple, en le voyant trois fois par année pendant que le médecin, lui, ne le voit qu'une seule fois maintenant.

De plus, différents éléments de notre entente générale n'ont pu être ajustés à une certaine époque, car la RAMQ n'avait pas la capacité technique de procéder aux calculs appropriés. Les médecins, par conséquent, ne sont aucunement responsables de cette situation. M. Vailles dénonce le fait que ces ajustements n'ont pas eu lieu, sans jamais préciser évidemment que les raisons sous-jacentes n'ont aucun lien avec le bon vouloir des médecins.

Les médecins sont, oui, privilégiés sur le plan économique, mais cela vient avec d'importantes responsabilités. Et surtout, je peux vous assurer que les médecins de famille québécois n'ont rien volé et travaillent fort pour chaque dollar gagné, dans le respect d'ententes dûment négociées avec l'État. Nous sommes fiers de soigner et de servir nos concitoyens, et cela demeure notre plus grande gratification.

RÉPONSE DE FRANCIS VAILLES

Votre réplique illustre justement l'incohérence des primes incitatives que dénonce le Vérificateur général. Si l'objectif est de réduire la fréquence des visites des patients vulnérables auprès de leurs médecins, pourquoi payer une prime pour inciter à faire l'inverse ? Pourquoi ne pas mettre en place une rémunération qui récompense non seulement les médecins pour ce meilleur suivi des patients, mais aussi toute l'équipe médicale, incluant les infirmières ? Enfin, je ne doute pas du bon vouloir de la plupart des médecins, croyez-moi, seulement je m'interroge : si la RAMQ n'avait pas la capacité technique de faire les calculs appropriés, pourquoi a-t-elle tout de même versé les primes ?