Par sa présence à Paris, le premier ministre Couillard poursuit une longue tradition du Québec d'être chef de file sur le climat, tant sur son territoire que sur les scènes canadienne et internationale.

Depuis la conférence de Kyoto en 1997, le Québec suit les négociations sur le climat. Initialement, il s'y intéresse davantage par souci économique. À l'époque, la mise en oeuvre des promesses prises par le gouvernement fédéral avait le potentiel de stimuler ou de contraindre l'économie québécoise. Dans les faits, la décarbonisation a profité au Québec, l'un des plus importants producteurs d'électricité renouvelable au monde. La province avait d'ailleurs fortement encouragé le Canada à adopter une cible ambitieuse de 6 % de réduction des GES sous les niveaux de 1990, entre 2008 et 2012.

Le Québec, lui, a atteint et dépassé une cible similaire. En 2012, les émissions québécoises étaient de 8 % inférieures à celles de 1990.

En 2009, à Copenhague, le Québec a annoncé une cible encore plus ambitieuse, de 20 % sous les niveaux de 1990, d'ici 2020. Le geste était d'autant plus audacieux que, contrairement à l'Ontario avec ses centrales au charbon, nous n'avions aucun geste majeur à poser pour réduire considérablement nos émissions de GES.

Ainsi, le Québec a été la première province à instaurer un marché du carbone avec la Californie, visant à réduire les émissions industrielles et du secteur des énergies fossiles.

L'avantage de ce système étant que les réductions sont garanties (contrairement à une taxe sur le carbone qui fixe un prix sur les émissions de GES sans pouvoir garantir les réductions).

Les gouvernements de M. Charest, Mme Marois et M. Couillard étaient tous à la recherche de nouveaux revenus pour réduire les impôts et financer la santé. Pourtant, ils ont décidé d'investir les 3 milliards générés par la Bourse du carbone entre 2013 à 2020 pour accélérer le déploiement de technologies et de mesures de réduction des GES.

Dès son élection, monsieur Couillard a opté pour maintenir le leadership du Québec. Il a multiplié les rencontres à l'étranger et au Canada pour convaincre ses partenaires de se joindre à la lutte contre les changements climatiques. La relation privilégiée entre l'Ontario et le Québec aura déjà permis au moins une réalisation majeure : l'ajout de l'Ontario à la Bourse du carbone. Parions que si le Québec ne s'était pas lancé en premier avec la Californie, l'Ontario ne l'aurait pas fait (aussi rapidement).

D'autres provinces jouent aussi un rôle important. Nous pensons à la Colombie-Britannique avec sa taxe sur le carbone et, plus récemment, l'Alberta avec son ambitieux plan de réduction des gaz à effet de serre, applaudi autant par les compagnies pétrolières que par les environnementalistes d'ici et d'ailleurs.

Désormais, un prix sur le carbone existe pour 80 % de la population canadienne.

Puisque la science en demande davantage, le Québec et l'Ontario ont voulu se présenter à Paris avec des cibles ambitieuses pour 2030 ; respectivement 37,5 % et 37,0 % sous les niveaux de 1990, qui s'ajoutent à leur engagement de réduire d'entre 80 et 95 % les émissions d'ici 2050.

Les cibles du Québec sont exemplaires. Si nous avions ces cibles pour l'ensemble de la planète, la conférence de Paris serait un immense succès.

Évidemment, tout n'est pas parfait et nos organisations continueront à exiger une action plus musclée, plus rapide et, surtout, plus cohérente pour réduire les émissions de GES au Québec et au Canada, notamment dans les secteurs de l'exploration et de l'exploitation d'énergies fossiles et dans celui des transports.

Cela étant dit, le travail des provinces depuis 20 ans a mis la table pour un plan fédéral ambitieux. Et comme l'a dit Justin Trudeau devant les délégués à Paris, cet effort ne se fera pas au détriment de l'économie, il se fera en développant une économie forte, prospère et durable. Il devra instaurer un prix minimum sur le carbone, réglementer les émissions du méthane et des centrales au charbon en plus de soutenir des secteurs névralgiques comme l'énergie renouvelable, le transport en commun, les véhicules électriques et l'efficacité énergétique.

Aujourd'hui à Paris, devant des centaines de participants de la COP21, nos organisations ont souligné et salué les efforts du Québec.

Aujourd'hui, nous sommes fiers du Québec !

* Sidney Ribaux, directeur général, Équiterre ; Tim Gray, directeur général, Environmental Defence ; Ed Whittingham, directeur général, Institut Pembina