Il est clair que la lutte antiterroriste va prendre de plus de ressources. Il en sera de même pour la protection de l'environnement et pour l'amenuisement des effets négatifs de nouvelles conditions climatiques qui apparaissent déjà.

Dans un tel contexte, on se demande si ces efforts collectifs impliqueront, dans les prochaines années, une réduction du taux de croissance de l'économie de plusieurs pays développés et plus particulièrement de leur produit intérieur brut (PIB).

Nous avons peu de choix dans ces deux grands dossiers. Ce serait une erreur de les gérer sur un court horizon en tentant de protéger chaque dollar de PIB. Ne rien faire pourrait impliquer une forte baisse de la qualité de l'environnement et de la sécurité dans lesquels vivront nos enfants et surtout nos petits-enfants. L'inaction va donc impliquer à moyen et à long terme un PIB plus bas et surtout un bien-être collectif plus faible.

Au lieu de nous poser des questions sur la croissance à court et à moyen terme du PIB au Canada ou dans d'autres pays, il me semble plus productif de se poser des questions sur la proportion des ressources qui sera allouée à la sécurité collective et à l'environnement. Tout semble indiquer que cette proportion sera sensiblement plus grande. Il faudra y consacrer une plus grande part des travailleurs, du matériel et des ressources financières.

De fait, ça a commencé à se produire il y a quelques décennies. Par exemple, depuis plus de 50 ans, plusieurs pays développés ont commencé à mettre plus de ressources pour la protection de leurs cours d'eau. Depuis le 11-Septembre, les ressources allouées à la sécurité dans le domaine du transport aérien ont augmenté énormément.

Le message des experts en environnement et en sécurité est qu'il faudra allouer à ces deux secteurs encore plus de ressources. Cela implique qu'une plus grande proportion du PIB national sera reliée à la production de biens et services collectifs dans ces deux domaines. Ce changement de composition veut aussi dire que la production de biens et de services consommés sur une base plus individuelle, selon les revenus, les circonstances et les préférences des consommateurs, prendra une plus faible proportion du PIB et du revenu personnel national.

Cela ne veut pas nécessairement dire que la valeur de ces biens et services diminuera, mais qu'une plus faible proportion de la croissance économique sera accaparée pour satisfaire des besoins individuels. Ces effets de changement de composition sont importants et persistants.

Dans un contexte où il y a un plus grand besoin d'efforts collectifs et d'une plus grande coopération entre les gouvernements d'un grand ensemble de pays, il faut s'attendre à ce que les gouvernements jouent un rôle plus important et qu'ils aient besoin de relativement plus de ressources. Finalement, ces deux grands dossiers ainsi que la problématique reliée au vieillissement de la population nécessitent que nos gouvernements allongent leur horizon de gestion bien au-delà de la durée d'un mandat de quatre ans.

Ici, on parle d'avoir des plans stratégiques sur quelques décennies.

La gestion de nos infrastructures collectives nous a montré que nos administrations publiques planifient sur un horizon beaucoup trop court.

Elles doivent allonger considérablement leur présent horizon de gestion.

Finalement, comme consommateurs, nous devons aussi penser à changer nos comportements et nos habitudes pour faciliter l'atteinte d'objectifs collectifs dans ces domaines. Ceci ne sera possible que si nous aussi optimisons nos choix (de consommateurs et d'épargnants) sur une période plus longue.