À quelques jours de la conférence de Paris sur le climat, les déclarations catastrophistes abondent dans les médias. Mais au-delà des visions de New York et Tokyo noyées par les océans, certains faits - moins sensationnels, mais qu'il est essentiel de connaître si l'on veut trouver des solutions constructives au problème bien réel des changements climatiques - sont souvent ignorés. En voici quelques-uns* qui pourraient vous surprendre.

1. Le Canada émet davantage de gaz à effet de serre (GES) par habitant que les États-Unis, mais il représente seulement 1,59 % des émissions mondiales de GES, contre 14 % pour nos voisins du Sud. La Chine, avec 24 % des émissions mondiales, est le principal pays émetteur de GES. Les émissions moyennes d'un Chinois sont plus élevées que celles d'un Français.

2. Le Canada voit ses émissions de GES stagner depuis le début des années 2000. Après une augmentation durant les années 90, les émissions canadiennes se sont stabilisées, malgré la croissance de la population et de l'économie. Cependant, le Canada a raté de 24 % la cible fixée par le protocole de Kyoto.

3. Les 37 pays participant au protocole de Kyoto ont globalement atteint la cible de réduction des émissions fixée et l'ont même dépassée. Cela s'explique en grande partie par la chute de l'Union soviétique et, dans une moindre mesure, par la récession de 2009. Malgré Kyoto, les émissions mondiales provenant des carburants fossiles ont augmenté de 53 % par rapport à 1990.

4. Selon les études récentes recensées par le GIEC, un réchauffement modeste de l'ordre de 1 à 2 °C aurait des impacts économiques globalement positifs, en améliorant les rendements agricoles et en réduisant les coûts de chauffage. Ce niveau de réchauffement augmente légèrement le nombre de décès dus à la chaleur et diminue légèrement le nombre de décès dus au froid, ces derniers étant toutefois 17 fois plus nombreux que les premiers.

5. Selon l'Agence internationale de l'énergie, l'intensité énergétique mondiale (qui mesure la quantité d'énergie utilisée pour un niveau de production donné) diminue en moyenne de 1,25 % par année. La Chine a réduit son intensité énergétique de moitié en 20 ans. Cela ne veut cependant pas dire qu'il se consomme moins d'énergie. Depuis la première rencontre de l'ONU sur le climat, qui a eu lieu à Genève en 1979, les émissions provenant des combustibles fossiles ont connu une augmentation de 84 %.

6. Les taxes sur les carburants sont déjà très élevées au Canada, générant des recettes fiscales de près de 22 milliards de dollars. Les taxes fixes sur les carburants dans les provinces canadiennes correspondent à ce que serait une taxe sur le carbone variant entre 83 $ la tonne de GES en Alberta et 128 $ la tonne de GES au Québec.

7. Les énergies renouvelables ont connu une croissance fulgurante entre 2004 et 2014. La capacité mondiale installée a augmenté de 4684 % pour l'énergie solaire et de 671 % pour l'énergie éolienne. Plusieurs pays recourent à des subventions inefficaces pour accroître la proportion des énergies renouvelables, mais celles-ci sont de plus en plus remises en question. La diminution du prix des panneaux solaires pourrait cependant contribuer à la poursuite de cette tendance.

Quel que soit le résultat du sommet de Paris, la conversation publique qui s'ensuivra devra reposer sur une bonne compréhension des faits et des données disponibles. L'importance de la lutte contre les changements climatiques ne fait plus aucun doute, mais une approche pragmatique permettra de mieux lutter contre les changements climatiques avec détermination, intelligence et rationalité.

* Ces informations sont tirées d'un cahier de recherche sur les aspects économiques de la lutte contre les changements climatiques, basé sur des sources officielles telles que le GIEC, l'ONU et l'Agence internationale de l'énergie, et publié par l'IEDM.