Au cours des neuf premiers mois de l'année 2015, le Comité olympique canadien (COC) a connu ses meilleurs et ses pires moments.

Après avoir été enthousiasmé par les meilleures performances jamais réalisées par des athlètes canadiens et une visibilité accrue aux Jeux panaméricains, il s'est retrouvé à gérer une affaire de harcèlement sexuel.

La façon dont notre institution, pour qui les valeurs olympiques ont autant d'importance que la performance, décidera d'aller de l'avant dans la foulée de cette histoire est une question d'intérêt national. Plus vite, plus haut, plus loin ne seraient que des termes vides en l'absence d'égalité pour les femmes, ainsi que de dignité et de respect pour tous.

À l'extérieur des murs du COC, il y a des victimes qui ressentent une grande honte en raison de gestes pour lesquels elles n'ont pas à en éprouver. Chaque victime doit avoir toutes les chances possibles de se remettre de la douleur qu'elle a vécue afin de guérir et d'aller de l'avant. Pour celles qui travaillent au sein du COC, le défi sera plus grand. Il faudra fournir des efforts exceptionnels pour que l'enquête par un tiers indépendant qui vient d'être annoncée puisse créer un environnement sûr, discret et rempli de compassion qui permettra à des personnes qui ont vécu dans la peur de se sentir suffisamment en sécurité pour être en mesure de témoigner.

Pour répondre au désir de créer un milieu de travail de plus en plus sain, l'organisation souhaitera sans nul doute examiner le climat de travail actuel afin de comprendre comment on a pu en arriver là.

Il faudra poser des questions difficiles à la direction étant donné les informations publiées dans les médias selon lesquelles les comportements reprochés au président du COC duraient depuis longtemps. Comment se fait-il que rien n'ait été fait, alors que ces gestes sont largement connus dans le monde du sport et que la direction du COC était au courant ? Si on avait agi, à combien de personnes aurait-on évité du harcèlement physique et verbal ?

Le conseil d'administration, qui se charge de la direction de l'organisation, peut grandement contribuer à la réflexion. Lorsque des situations de ce genre se produisent, il y a forcément eu des lacunes institutionnelles ou sur le plan de la gouvernance. Y a-t-il eu un grave manque dans la communication entre le conseil d'administration et la direction ? Comment se fait-il que l'autorité du président ait été plus grande que celle du PDG ? Comment se fait-il que les membres du conseil d'administration n'aient pas senti qu'ils pouvaient agir ?

Les réponses à ce genre de questions sont rarement simples. Si l'on se fie à d'autres expériences du même type, elles recèlent une série d'éléments complexes qui incluent, sans toutefois s'y limiter, l'attitude du dirigeant et le degré de contrôle qu'il exerce, la peur, le succès du programme et le désir de le préserver. Tous ces éléments mis ensemble créent un cocktail puissant qui peut donner lieu à des situations d'exploitation.

Le conseil d'administration, en prenant la peine de réfléchir sur son fonctionnement, aura l'occasion d'examiner le contexte opérationnel et les relations opérationnelles au sein de son organisation - un domaine dans lequel le COC a encouragé les organismes nationaux de sport du Canada (ONS) à hausser leur niveau d'exigence.

En tant qu'organisation, dont relèvent les ONS, le COC doit profiter de l'occasion pour adopter des normes de gouvernance des plus élevées. S'il le fait avec transparence, en rendant les conclusions et les recommandations publiques, ce sera bénéfique pour ceux qui travaillent au sein du COC et aussi une occasion de démontrer à tous les intervenants comment il est possible de s'améliorer tout en affirmant les valeurs du sport, l'équité et le respect entre les gens.

Les valeurs olympiques font partie de ce que nous sommes, de ce en quoi nous croyons. Le COC peut et doit être un phare pour le sport, la santé et le bien-être. Même lorsqu'on se trouve dans une situation délicate, il est possible de faire un travail d'introspection, de poser des questions difficiles, de se préparer pour de grandes réalisations et, enfin, de chercher à les atteindre.