La santé mentale et le bien-être des médecins résidents sont un enjeu fondamental auquel la presse a fait écho récemment. Il est important de compléter le portrait de la situation à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal.

J'ai étudié la médecine, je l'ai pratiquée et enseignée avec passion. Je connais trop bien la pression de performance que subissent les médecins résidents et les médecins enseignants. Elle vient de toutes parts : des patients, des évaluateurs, des collègues, de l'entourage et... de soi-même. Et malgré cela, nos médecins enseignants font un travail exceptionnel pour former des médecins parmi les meilleurs en Amérique du Nord.

Les études en médecine sont exigeantes, et le spectre des connaissances à intégrer augmente sans cesse. C'est vrai à l'Université de Montréal comme dans les autres facultés de médecine ailleurs dans le monde. Dans sa dernière édition, le magazine Time titrait d'ailleurs « Is your doctor depressed ? Inside the mental health crisis in America's hospitals ».

Dès 2006, la Faculté de médecine a créé un Bureau d'aide aux étudiants et résidents avec la mission d'offrir du soutien psychologique et académique.

À mon entrée en poste, en 2011, consciente de l'importance de cet enjeu, j'ai créé un vice-décanat associé à la vie étudiante et facultaire afin de promouvoir le bien-être au sein de notre établissement. Nos étudiants en médecine doivent maintenant suivre un cours obligatoire sur les saines habitudes de vie et la gestion du stress, incluant des ateliers de mindfulness.

Pendant le mandat qu'elle vient de terminer, la vice-doyenne responsable des résidents, la Dre Josée Dubois, a mis sur pied plusieurs initiatives, dont une stratégie de formation de nos directeurs des programmes de résidence pour l'amélioration des pratiques d'évaluation. Les médecins résidents de retour d'un congé de maladie bénéficient d'un programme de retour progressif au travail.

Cet automne sera mis sur pied un programme de soutien par lequel nos résidents rencontreront une fois par mois un mentor, c'est-à-dire un médecin n'exerçant pas de rôle d'évaluateur ou de superviseur, afin de partager leurs expériences et leurs difficultés. Ces rencontres, qui deviendront obligatoires dès 2016, se feront à l'instar de programmes à la clinique Mayo aux États-Unis, une référence mondiale en la matière. Enfin, nos directeurs des programmes de résidence seront aussi bientôt formés pour mieux dépister des difficultés d'adaptation et de santé mentale. Parce que nous reconnaissons que pour mieux épauler nos étudiants, nos médecins enseignants doivent aussi être épaulés.

Tous ces projets sont motivés par une idée simple : pour bien aider les autres, il faut être bien soi-même. L'empathie, si essentielle à la relation patient-médecin, doit aussi régner au sein de l'environnement d'éducation médicale. C'est primordial, et pas seulement pour la santé de nos jeunes médecins. Des études nous montrent que l'épuisement et la dépression sont les deux principaux facteurs de risque d'erreur médicale. Voilà pourquoi un environnement exempt d'intimidation et de harcèlement est une condition pour l'obtention de l'agrément des facultés de médecine du Canada et des États-Unis, sans laquelle nous ne pourrions enseigner la médecine.

Nous reconnaissons que nous avons encore des défis à relever et c'est pourquoi la Faculté de médecine de l'Université de Montréal prend très au sérieux les recommandations du récent rapport de l'ombudsman de l'Université.

Ce rapport nous offre l'occasion d'accélérer les changements en cours au sein de notre établissement et de nous imposer comme un chef de file en matière de prévention, de détection et d'accompagnement des étudiants, des médecins résidents et des médecins enseignants en détresse psychologique.

Chaque jour, j'ai le privilège de côtoyer de jeunes gens brillants, déterminés et dévoués et des professeurs tout aussi brillants et dévoués. Ils souhaitent exercer leur profession avec grande compétence tout en aspirant à des conditions de vie favorables. Je suis de tout coeur avec eux.