Quand on compare les données budgétaires de 2005-2006, présentées juste avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs, à celles contenues dans le dernier plan budgétaire, on note que le surplus budgétaire a chuté de 17 milliards et que le coût du service de la dette a diminué de 24 milliards en raison de la forte baisse des taux d'intérêt au niveau mondial.

Ce calcul tient compte de la hausse des prix et de la capacité de production du Canada durant cette période de 10 ans. Ces deux changements ont permis au gouvernement Harper de baisser les taxes et impôts fédéraux d'un montant de 33 milliards. Il a même pu augmenter ses charges annuelles de programmes de 8 milliards. Il est important de noter que le gouvernement Harper aurait pu utiliser une plus grande partie de cet écart de 41 milliards pour offrir davantage de services ; il a plutôt fait le choix de réduire significativement les taxes et les impôts.

Pour les cinq prochaines années, il est fort possible que d'offrir des baisses de taxes et d'impôts implique des baisses dans les services gouvernementaux.

Si le prix mondial du baril de pétrole tarde à remonter, il faut s'attendre à une croissance moins rapide de la production canadienne. Le vieillissement de la population va également contribuer à une croissance plus lente du PIB potentiel du Canada dans la prochaine décennie comparativement à la précédente.

Pour leur part, les taux d'intérêt (et plus particulièrement ceux sur les titres de la dette canadienne), qui ont fortement baissé durant la dernière décennie, devraient entreprendre une remontée graduelle. Finalement, au lieu d'avoir au départ en 2015-2016 un important surplus budgétaire comme en 2005-2006, nous sommes présentement très proches de l'équilibre budgétaire, peut-être même déjà en déficit. Il n'y a donc aucun coussin.

Dans un tel environnement, où il faudra faire des choix difficiles, il est donc important de discuter quels sont les services que le gouvernement fédéral devrait offrir.

Pour offrir des baisses d'impôts et de taxes, il faudra faire des coupes dans divers services. Pour offrir de nouveaux services, il faudra faire des coupes dans d'autres services ou hausser des taxes ou des impôts (ou annuler des baisses précédemment offertes).

Selon moi, tous les partis n'auront pas le choix. C'est pourquoi ils doivent expliquer aux Canadiens dans la présente campagne électorale quels sont les services qu'ils planifient accroître et surtout quels sont ceux qu'ils planifient couper. Je rappelle en terminant que, durant la dernière décennie, les coûts de fonctionnement des ministères ont été réduits à plusieurs reprises alors que les transferts aux particuliers et aux autres administrations ont été sensiblement augmentés. Il sera donc très difficile de comprimer les dépenses des ministères sans couper dans les services à la population.