L'auteure réagit à l'article « Près de 30 000 $ à rembourser pour avoir aidé bénévolement leur fille », publié le 23 juillet.Comment exprimer mon émotion à la suite de la lecture de cet article de Philippe Teisceira-Lessard ?

Sans doute les fonctionnaires, puis le Tribunal administratif du Québec, ont-ils appliqué de leur mieux la loi et la réglementation en vigueur, loi qui a été votée par nos élus. Mais alors, nous nous devons d'attirer l'attention de nos fonctionnaires et de nos élus sur l'aberration sociétale d'une telle réglementation qui a de telles conséquences !

Je suis médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive et, quand des situations ou décisions publiques m'interpellent ou me choquent, j'ai pour habitude de confronter mes impressions et intuitions aux données de la recherche scientifique. Que nous dit la littérature scientifique ?

1 - Sur le plan individuel, les assistés sociaux se portent beaucoup mieux quand, faute d'un emploi rémunéré, on leur donne la possibilité de se réinsérer dans la société et de contribuer au bien commun par du bénévolat ;

2 - Sur le plan populationnel, le bénévolat améliore non seulement la santé des bénévoles, mais aussi celle des milieux où ils l'exercent ;

3 - Quand des personnes traversent une période stressante (incluant fonder une entreprise), celles qui peuvent compter sur le soutien concret de leur entourage, leur famille en particulier, s'en sortent mieux et plus vite que les autres.

Dans le cas qui nous est rapporté, si la boulangère avait eu les moyens de rémunérer ses parents, s'en abstenir aurait été les exploiter et, puisqu'ils vivent de l'aide sociale, les encourager à profiter indûment du bien public. Mais la boulangerie ne lui rapportait même pas assez pour survivre elle-même, au point qu'elle avait par ailleurs un emploi temps plein !

Nous sommes donc devant un exemple d'entrepreneuriat de personnes modestes qui font tout pour se prendre en main et s'en sortir, s'entraidant en famille pour y arriver.

Au lieu de les féliciter et de les encourager, ceux qui appliquent nos lois leur collent une amende, monstrueuse, de plus, pour des assistés sociaux.

Une réglementation ou son application qui pénalise et décourage une solidarité élémentaire est un réel facteur de risque de problèmes de santé physique et mentale à un niveau sociétal ; elle alourdit de ce fait la note de nos soins déjà élevée. De plus, elle est évidemment incompatible avec la promotion de la santé et la prévention des maladies dont le Québec s'est fait un temps le champion. Enfin, elle met en péril la société québécoise elle-même. Souvenons-nous : c'est la coopération sociale entre Homo sapiens qui a permis à notre espèce de survivre.

Lecteurs, écrivez à vos députés pour que le cas de ces assistés sociaux soit révisé et que la réglementation et son application ne s'opposent pas à l'entrepreneuriat, à l'entraide et à la solidarité, mais que, au contraire, elle les encourage !