Le directeur parlementaire du budget, M. Jean-Denis Fréchette, nous informait lundi que la baisse des projections de croissance pour le PIB canadien pour 2015, faites par la Banque du Canada, et la récente baisse de son taux directeur ont pour effet de réduire les estimations du solde budgétaire du gouvernement fédéral pour 2015-2016 de 1,4 milliard de dollars à un déficit de 1 milliard.

Ce n'est pas un changement important (2,4 milliards) compte tenu du fait que le budget total du gouvernement fédéral est de l'ordre de 300 milliards et que la taille du PIB canadien est de l'ordre de 2000 milliards. On ne parle pas ici d'erreur majeure et ça ne prendrait pas grand-chose pour transformer le nouveau petit déficit en un léger surplus : quelques bonnes nouvelles du côté de l'économie, une gestion un peu plus serrée des dépenses ou un petit tour de passe-passe du côté de la comptabilité.

Selon moi, l'erreur principale du ministre des Finances, Joe Oliver, relève du fait qu'il ait réduit dans son dernier budget ses provisions pour imprévus à un moment où il y avait beaucoup d'incertitude sur la force de l'économie mondiale, sur l'évolution du prix du pétrole et de certaines autres matières premières, sur le montant des investissements au Canada et sur la capacité du centre du Canada de prendre la relève rapidement de l'Ouest.

Au lieu d'être plus prudent, et même d'accroître les provisions pour imprévus, il a fait l'inverse.

Il a abaissé de 20 milliards à 7 milliards l'ajustement à la baisse appliqué sur les projections du PIB nominal pour 2015, 2016 et 2017. Il a en plus réduit de 3 milliards à 1 milliard sa réserve budgétaire pour éventualités pour 2015-2016, 2016-2017 et 2017-2018.

Lors de la publication du Plan budgétaire 2015, de nombreux analystes avaient critiqué ce manque de prudence. Les explications données alors par le ministre Joe Oliver étaient fort peu convaincantes. Cette décision ne pouvait être basée sur des arguments économiques et financiers ; elle reflétait plutôt le besoin de présenter à tout prix, pour des raisons politiques, un surplus budgétaire en 2015-2016, tel que promis par le gouvernement Harper.