Malgré le fait que nous bénéficions tous les jours des avantages de la compétition dans l'offre de biens et services (à l'épicerie ou au restaurant par exemple), les Québécois acceptent encore que les systèmes de gestion de l'offre limitent la concurrence, restreignent les quantités offertes sur le marché et maintiennent des prix trop élevés.

C'est le cas dans la production du lait et de la volaille malgré le fait que la restriction de la production affecte surtout les gens pauvres. C'est aussi le cas dans le domaine du taxi, où la valeur marchande du permis de taxi est cinq fois plus élevée que le coût de l'automobile. Il s'ensuit que l'un des coûts les plus importants d'une course de taxi à Montréal est la rente au propriétaire du permis !

En fait, la situation est encore plus aberrante quand on considère qu'un permis de taxi vaut beaucoup plus cher à Montréal qu'à Toronto.

Le but du système de régulation de l'offre de taxis à Montréal était de permettre aux chauffeurs d'avoir un revenu décent qui leur permettrait d'offrir un service de qualité. Ce n'est pas le résultat que nous avons obtenu, parce qu'avec la restriction des permis, la concurrence a été réduite et le service aussi. Un autre facteur qui joue un rôle important vient du fait qu'une partie du revenu d'opération d'un taxi est maintenant dérivée vers les propriétaires de licences. À près de 200 000 $ par permis, le coût du rendement du capital est plus élevé que le coût d'entretien du véhicule.

Il est temps d'abolir ce système d'abord parce qu'il n'a pas donné les résultats escomptés, mais surtout parce qu'il empêchera l'implantation de nouvelles technologies qui vont réduire les coûts et améliorer le service.

Faut-il compenser les propriétaires de licences de taxi lorsque le système sera aboli ? Bien sûr que non. Pour être logique, si le gouvernement compense ces pertes, il devra compenser tous ceux qui ont perdu de l'argent à cause des changements technologiques. Les propriétaires sont des investisseurs comme les autres, et il y a fort à parier que la plupart d'entre eux ne sont pas des petits chauffeurs de taxi.