Les autorités de la Ville de Montréal rendaient public récemment un projet de 28 millions pour réaménager le square Viger. Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée, mais il y aurait certainement lieu de revitaliser aussi le Quartier judiciaire, situé un peu plus à l'ouest dans le quadrilatère délimité par la rue Viger, le boulevard Saint-Laurent, la rue Notre-Dame et la rue Gosford.

Le Quartier judiciaire existe depuis le Régime français. En 1849, George-Étienne Cartier, qui pratique le droit à Montréal, réussit à convaincre le gouvernement de l'Union d'adopter une loi pour établir le Barreau de Montréal. Cartier fera partie du Comité du Barreau de Montréal, qui exercera des pressions pour hâter la reconstruction du palais de justice de Montréal situé au 155, rue Notre-Dame Est, et qu'on appelle aujourd'hui le Vieux palais. Cette reconstruction sera terminée en 1856.

En 1867, le Régime britannique prend fin et débute alors le Régime fédéral. Les Pères fédérateurs attribuent la compétence législative aux États membres (les provinces) sur le droit civil et l'administration de la justice. Le gouvernement fédéral cède alors au Québec la propriété des 20 palais de justice du Québec, dont le Vieux palais, qui conservera sa vocation judiciaire jusqu'en 1971. C'est le plus vieux palais de justice du Québec et l'un des plus vieux au Canada.

Depuis, il est occupé partiellement par la Ville de Montréal et sert à des fins administratives. Le temps semble venu de redonner à ce quartier et à cet édifice sa vocation judiciaire historique, à l'occasion du 375e anniversaire de Montréal et du 150e anniversaire de la fédération canadienne.

QUELQUES IDÉES

Premièrement, on devrait redonner au palais de justice de 1856 sa vocation judiciaire d'origine. Des études établissent le coût de sa restauration à environ 50 millions. Ni la Ville de Montréal ni le gouvernement du Québec ne semblent disposés à consacrer une telle somme pour restaurer ce bâtiment patrimonial.

La solution idéale serait que le fédéral reprenne possession de ce bâtiment, soit en pleine propriété, soit par bail emphytéotique pour en faire la restauration, afin d'y loger notamment les cours fédérales de première instance et d'appel dans les dossiers où elle siège à Montréal, et aussi pour la Cour canadienne de l'impôt et les autres organismes judiciaires et quasi judiciaires fédéraux lorsqu'ils siègent au Québec.

Deuxièmement, le quadrilatère formé par le boulevard Saint-Laurent, la rue Viger, la rue Sanguinet et la rue Saint-Antoine - dans lequel se trouve notamment l'autoroute Ville-Marie -, devrait être recouvert pour former une esplanade de verdure que l'on pourrait appeler Place ou Esplanade George-Étienne-Cartier.

Cet espace plat, de grande dimension, situé aux abords des palais de justice, de l'hôtel de ville, du CHUM et du Palais des congrès pourrait être transformé en un espace végétalisé dédié à la promenade.

Troisièmement, en 1971, lors de la construction du palais de justice actuel, les autorités gouvernementales avaient prévu la construction d'un stationnement enfoui de 600 places avec un corridor souterrain conduisant au métro, au palais de justice et à l'hôtel de ville. Pour réduire les dépenses, ce stationnement souterrain n'a pas été construit, de telle sorte qu'entre l'autoroute Ville-Marie et la rue Saint-Antoine et entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Sanguinet, on trouve un vaste terrain de stationnement en surface. Il y aurait lieu d'enfouir ce stationnement avec des corridors souterrains. Ce terrain de stationnement, qui serait payé sur une période de 30 ans par ses utilisateurs, s'ajouterait à l'espace recouvrant l'autoroute Ville-Marie, ce qui formerait un terrain de grande dimension appelé Esplanade George-Étienne-Cartier.

Cette revitalisation du quartier judiciaire constituerait un attrait pour le tourisme dans le Vieux-Montréal et marquerait en même temps le 375e anniversaire de Montréal et le 150e anniversaire de la fédération canadienne.