Le déclin marqué au Québec de la population en âge de travailler est préoccupant. C'est ce qui explique sans doute la sortie récente du premier ministre Philippe Couillard en faveur d'un rehaussement du nombre d'immigrants.

Selon les projections de l'Institut de la statistique du Québec, la taille de la population en âge de travailler éprouvera une nette diminution entre 2017 et 2030, même en considérant le volume actuel de 50 000 admissions d'immigrants par année. Nous aurons inévitablement de plus en plus de difficulté à remplacer les départs à la retraite et à combler les besoins en main-d'oeuvre, même si nous poursuivons et accélérons nos efforts de formation auprès de nos jeunes.

Nous devons trouver des solutions efficaces et rapides pour rassurer les entreprises sur le fait qu'elles pourront compter sur un bassin suffisant de travailleurs disponibles et compétents pour accompagner leur croissance. Car, ne soyons pas aveugles, de nombreuses juridictions, qui sont aux prises avec un vieillissement moins rapide de leur population active et dont les taux de diplomation des jeunes sont plus élevés qu'au Québec, déploient en plus des stratégies de séduction auprès des immigrants qualifiés et spécialisés. 

Si nous n'agissons pas, ce sont ces autres juridictions qui recevront les nouveaux investissements pour moderniser les installations et développer de nouvelles capacités de production.

LA CLÉ DE LA PROSPÉRITÉ

Il faut agir sur plusieurs fronts. Il est impératif de contrer le décrochage scolaire, d'augmenter le taux de diplomation au cégep et à l'université et de veiller à un meilleur arrimage entre la formation et l'emploi disponible. Cependant, cela ne préviendra ni le déclin relatif de la population en âge de travailler, ni celui du poids démographique du Québec au sein du Canada. C'est pourquoi nous devons accroître le nombre de travailleurs issus de l'immigration à 60 000 personnes par année.

De fait, l'immigration basée sur une sélection efficace des candidats permet une augmentation immédiate de la population active. Mais il y a plus. 

L'immigration contribue aussi au renforcement de l'internationalisation de notre société, accroît la capacité d'innovation de nos entreprises et intensifie notre créativité.

Nous devons évidemment demeurer conscients des défis que pose l'intégration professionnelle pour nos immigrants, qui est à la base même de leur intégration en société. Le fait que le taux de chômage des immigrants soit près de deux fois plus élevé que celui des personnes nées au Canada témoigne qu'il y a un effort considérable à faire pour améliorer leur sélection et leur intégration professionnelle. Ce constat ne signifie pas pour autant que le gouvernement doit maintenir les seuils actuels d'immigration.

Malheureusement, le débat entourant l'immigration risque de se polariser inutilement. Comme s'il fallait choisir entre miser sur une intégration professionnelle réussie des immigrants et augmenter le volume des nouveaux arrivants. Une telle polarisation suppose que le Québec est incapable d'agir sur les deux leviers simultanément. Il faut sortir de ce débat stérile et voir l'immigration comme un tout. Soyons ambitieux, soyons conscients de nos forces et assurons-nous de nous donner les moyens pour assurer la prospérité du Québec et de sa métropole. Augmentons le nombre d'immigrants tout en améliorant leur sélection et leur intégration professionnelle. C'est là la clé de notre réussite, de notre prospérité !

Rappelons-nous que nous sommes nés de l'immigration. Elle fait partie de notre identité, et c'est une source importante de création de richesse !