Le PLQ a présenté un projet de loi qui vise la neutralité de l'État en matière de religion qui, d'emblée, comporte plusieurs incohérences.

D'abord, le tchador. Le projet de loi stipule que les services donnés par les fonctionnaires de l'État doivent être faits à visage découvert. Ceci n'exclut donc pas le port du tchador, qui ne couvre pas le visage.

La ministre Stéphanie Vallée affirme que le PLQ ne veut pas légiférer sur un morceau de linge. Elle dit qu'il faut respecter le choix du port du tchador d'une femme, incluant celles qui sont au service de l'État. Du point de vue culturel ou religieux, l'origine de ce vêtement provient de pays, principalement de l'Iran, où l'égalité homme-femme est inexistante. Une femme qui choisit de le porter adhère à cette valeur de non-égalité des genres. Respecter un tel choix va à l'encontre du principe de l'égalité homme-femme que le PLQ prétend aussi défendre. 

On ne peut être à la fois pour le principe de l'égalité homme-femme et pour le port du tchador.

La ministre Vallée affirme que la neutralité consiste à ne pas favoriser ou défavoriser un usager des services de l'État en raison de son appartenance religieuse. Une telle affirmation relève du subjectif, car comment déterminer de façon spécifique si l'absence de neutralité d'un service rendu par un fonctionnaire de l'État est liée à la religion de l'usager, sa race, son âge ou tout autre facteur ? Un service rendu par l'État doit être de qualité et professionnel, point à la ligne.

PERMETTRE LE PROSÉLYTISME ?

De façon objective, actuellement, même si un fonctionnaire de l'État fournit un service de qualité et professionnel, la neutralité politique exige qu'il n'arbore aucun signe de conviction politique. Ceci a pour but d'empêcher tout prosélytisme d'un quelconque parti politique. La neutralité religieuse n'exigera pas de même que le fonctionnaire n'arbore aucun signe religieux afin d'empêcher tout prosélytisme d'une quelconque religion ?

Or, le projet de loi du PLQ n'interdit pas le port de signes religieux. Pourquoi, au nom de la neutralité, est-il interdit de faire du prosélytisme politique alors qu'il est permis de faire du prosélytisme religieux ? La neutralité ne doit pas seulement viser la qualité du service rendu par un fonctionnaire de l'État, mais aussi la façon dont il se présente au moment où il rend un service. Ne considérer que l'aspect subjectif de la neutralité au détriment de son aspect objectif, c'est être à moitié neutre. Le PLQ propose donc un projet de loi qui frôle l'à-peu-près.