M. le ministre de la Santé,

Je sais que vous êtes hautement sollicité par les temps qui courent, mais permettez-moi de prendre quelques minutes de votre précieux temps afin de vous fournir une piste de solution aux multiples problèmes que rencontre notre réseau de la santé.

Le 1er mai dernier, vers 20h, j'amène ma grand-mère de 89 ans à l'hôpital Pierre-Le Gardeur. Elle avait été hospitalisée la semaine précédente, on lui avait installé un stimulateur cardiaque et elle était de retour à la maison le 28 avril. Deux jours plus tard, ses pieds se sont mis à enfler. Rien d'inquiétant, mais une situation qui demandait un peu d'observation.

Le lendemain soir, alors qu'elle devait venir passer le week-end avec moi, je constate que l'enflure est importante et décide de l'amener à l'hôpital. Premier visage rencontré : un agent de sécurité qui veille au grain et qui nous donne un billet pour le triage. Nous sommes appelées dix minutes plus tard.

Je demande à l'infirmière si ma grand-mère peut s'asseoir. Elle refuse de nous accorder ce privilège, faut que ça roule ! Elle nous retourne dans la salle d'attente. Une quinzaine de minutes plus tard, nous rencontrons une autre infirmière à l'évaluation. Elle prend le temps de s'adresser à ma grand-mère avec beaucoup de respect et de patience. Elle lui fait passer un électrocardiogramme qui n'indique rien de particulier.

Bref, en moins de 90 minutes, nous étions rassurées : pas de malaise cardiaque, mais de l'eau qui s'accumule et qui mérite une prescription somme toute de base (il faut savoir qu'au moment de sa sortie, la prise du médicament avait été interrompue, probablement trop tôt).

La charmante infirmière nous invite donc à retourner à la salle d'attente : nous sommes « priorité 3 », ce qui signifie un bon 6 à 10 heures. Pardon ? Ma grand-mère ne peut avoir de fauteuil gériatrique, aucun n'est disponible. Je l'installe du mieux que je peux dans un fauteuil roulant afin qu'elle puisse fermer les yeux. Mais la salle d'attente est bruyante, très éclairée, et totalement inadaptée pour les personnes qui se préparent à passer de longues heures à attendre.

Vers minuit trente, nous sommes revues en réévaluation. L'infirmier confirme le maintien de la « priorité 3 ». Et nous mentionne un autre 10 à 15 heures d'attente... J'étais sous le choc. On attend tout ce temps simplement pour une pauvre prescription d'un médicament qui l'aidera à uriner afin d'évacuer l'eau qui s'accumule actuellement dans ses pieds.

Où est l'infirmière qui pourrait prescrire ? Se trouve-t-elle dans la réforme, M. Barrette ?

L'infirmier a eu pitié de ma grand-mère et, à ma demande, lui a trouvé un fauteuil gériatrique. On a finalement été très chanceuses : le médecin a appelé ma grand-mère vers 3h15. Il a pris moins de trois minutes pour la voir, l'ausculter et lui remettre ladite prescription. Nous sommes rentrées chez moi à 4h du matin, puis à 9h30, j'étais à la pharmacie pour prendre la médication.

Morale de cette histoire : ce n'est pas plus d'argent dans le système qu'il faut, c'est une organisation intelligente des soins et des différents besoins des patients. Si l'infirmière qui a fait l'électrocardiogramme avait eu la permission de lui prescrire la médication, nous aurions pu retourner en moins de deux heures à la maison. Et ma grand-mère aurait pu être confortable et loin des microbes qui gravitent autour de la salle d'attente d'un hôpital.

Ce qui est le plus drôle dans toute cette histoire, c'est que sur un des murs, on voyait une affiche faisant la promotion du respect de Mme Marguerite, une aînée. À 89 ans, ma grand-mère ne mérite-t-elle pas elle aussi le respect dû aux aînés ?