Il est passé minuit lorsque j'arrive finalement au terminal T4 de l'aéroport Heathrow à Londres. Imaginez ma stupeur lorsque je réalise qu'aucun des chauffeurs présents n'affiche mon nom !

J'avais pourtant envoyé un courriel la veille au concierge de mon hôtel à Cambridge ; j'acceptais son offre de navette à 115 livres. Je n'ai eu aucune réponse : un appel à l'hôtel me confirme que je devrai me débrouiller autrement.

M'envoyer une voiture prendrait 90 minutes (le temps requis pour venir me chercher à partir de l'hôtel). J'ai une importante présentation à faire dans la matinée ; la perspective de n'avoir que trois heures de sommeil m'enchante peu.

À la file des taxis, on m'indique que « c'est 240 livres pour vous rendre, sir ». Vu mon air débiné, on me propose ensuite un nouveau prix : 200 livres.

J'ai donc le choix entre payer le gros prix ou sacrifier une partie de mon précieux sommeil. Que faire ?

Me souvenant des conseils d'un collègue, je m'inscris sur Uber. L'application fournit une estimation du trajet : entre 110 et 130 livres. Pourboire non nécessaire (le prix est « tout inclus »), facture électronique sur carte de crédit et directement envoyée par courriel. Je vois même la position du chauffeur en temps réel sur une carte, avec le délai d'arrivée.

La suite est évidente : quatre minutes plus tard, un sympathique quidam met ma valise dans le coffre de son auto. En démarrant, il m'indique les bouteilles d'eau disposées dans son véhicule et me suggère de m'installer confortablement.

RÉSISTANCE AU CHANGEMENT

L'acharnement de l'industrie du taxi contre UberX est un recul pour les citoyens. Des véhicules saisis parce que leurs propriétaires offrent un service abordable et efficace à des gens qui ne demandent pas mieux ? Où est le problème ?

Je comprends que le lobby du taxi n'aime pas la compétition. Ça tire généralement les prix vers le bas et ça offre aux clients l'occasion de comparer les différents services rendus. Il est par contre futile de lutter contre l'avancement technologique.

Les tactiques habituelles (mais éprouvées) sont utilisées : faisons peur aux clients pour éviter qu'ils changent leurs habitudes. « Le véhicule n'est pas soumis à des inspections obligatoires - pourquoi risquer sa vie pour quelques dollars ? », « on ne sait jamais sur qui on pourrait tomber - une agression est si vite arrivée ! », « un paiement électronique ? Est-ce vraiment sécuritaire ? », etc.

L'histoire a une fâcheuse tendance à se répéter ; les mêmes épouvantails furent aussi agités avec le commerce électronique. L'industrie du commerce au détail aimait bien rappeler aux consommateurs que rien ne garantissait un vendeur honnête, la confidentialité des données de paiement ou encore la livraison sans problème. Pourtant, aujourd'hui, la vaste majorité des clients font de bonnes affaires sur l'internet - et les commerçants aussi, ajoutant ainsi une vitrine « virtuelle » à leur commerce. Personne ne reviendrait en arrière.

Uber est une plateforme parfaitement capable d'intégrer les services de taxi dits « traditionnels ».

On y estime le prix des courses avec un montant initial, un tarif au kilomètre ou à la minute de trajet. Il est possible d'ajouter différents montants « à la pièce » (frais de stationnement à l'aéroport, péage, etc.) selon le point de départ, le trajet ou la destination.

Bref, si demain matin les compagnies de taxi voulaient toutes se retrouver sur UberTAXI, elles le pourraient. De quoi a-t-on peur alors ?

La complicité entre l'industrie du taxi (qui positionne délibérément UberX comme un compétiteur déloyal) et nos dirigeants politiques (qui jouent le jeu en le déclarant illégal) me fait peur. Ultimement, nous, les consommateurs, sommes encore les grands perdants.