Cette expression populaire devrait servir pour modifier les lois électorales afin d'éviter des situations hautement regrettables lorsqu'un premier ministre démissionne avant même la fin du décompte des votes de sa propre circonscription.

Le plus récent cas est bien sûr celui du premier ministre de l'Alberta, qui a annoncé son départ à la fois comme premier ministre (il n'avait pas le choix), comme chef de son parti (avait-il le choix ?), mais surtout comme député, même s'il n'était pas encore élu officiellement à Calgary.

Même si, humainement parlant, on peut le comprendre, ce genre de situation accentue le cynisme de la population envers les politiciens, en plus des coûts inhérents à une nouvelle élection. Fraîchement élu lors d'une élection partielle (2014) provoquée par sa victoire à la direction du Parti conservateur, puis réélu lors de l'élection générale, une troisième élection sera nécessaire pour le remplacer.

D'autres situations comparables ont provoqué la « jasette » des spécialistes au cours des récentes années, mais rien n'a bougé. On n'a qu'à penser à Brian Mulroney (1983) et Jean Chrétien (1990) qui firent un détour partiel par les Maritimes avant de revenir au Québec lors des élections générales de 1984 et 1993, ou celle de l'actuel premier ministre du Québec qui, avant de célébrer sa victoire générale en juin dernier, était brièvement apparu dans Outremont (2013) ; sans oublier le cas assez unique de Robert Bourassa qui, bien qu'il ait mené son parti à une grande victoire (1985), a dû provoquer une partielle dans Saint-Laurent pour réintégrer l'Assemblée nationale (il avait été battu dans sa circonscription à la générale).

Certains plus « chanceux », disons-le ainsi, n'ont pas eu à prendre cette décision, étant passés à la moulinette lors des élections générales, comme Kim Campbell (1993), Jean Charest (2012) ou Pauline Marois (2014). Évidemment, le cas le plus inusité fut l'élection (2003), la démission (2004), la réélection partielle (2006) puis générale (2007) et la redémission (2007) d'André Boisclair au cours de son passage à la direction du PQ.

Alors quoi faire ? Attendre une longue et pénible réforme électorale ou simplement en modifier une seule disposition.

D'abord, permettre aux chefs de parti d'avoir un colistier lors d'une élection générale. Advenant mauvaise fortune, le colistier, s'il est élu, pourrait prendre le siège de député (cas Prentice) et faire le mandat, ou laisser la place (cas Bourassa 1985) au premier ministre. Quant à l'élection d'un nouveau chef de parti non député, son parti devrait avoir le loisir de lui « céder » un de ses sièges sans provoquer d'élections partielles.

L'équilibre des partis en chambre n'en serait absolument pas changé, cela épargnerait les coûts des partielles, les électeurs entendraient la nouvelle voix des partis et le cynisme pourrait diminuer quelque peu.

On peut attendre le « grand soir » de la réforme démocratique qui ne viendra jamais, ou y aller simplement : pas de patate, pas de sauce.