Réponse à la chronique de Stéphane Laporte, « Avoir plus d'Impact », publiée samedi dernier.À quelques années près, j'ai été responsable des communications chez l'Impact depuis sa création jusqu'à l'ouverture du Stade Saputo en 2008.

Aujourd'hui, je travaille occasionnellement à titre de consultant pour l'équipe, donc les propos que vous soulevez dans votre chronique m'interpellent.

Premièrement, je peux vous garantir que le travail de communication et de pédagogie dont vous parlez se fait depuis plus de 20 ans, à plusieurs niveaux. Mais après près de deux décennies d'efforts, je me suis résigné au fait que pour mobiliser et rassembler les amateurs, cette équipe n'a qu'un seul véritable outil à sa disposition : la victoire.

Et voilà que l'Impact doit désormais se démarquer à l'échelle continentale pour défrayer la manchette - et faire l'objet de votre chronique.

Car le gros du problème, M. Laporte, il est en fait là. La réalité est qu'il existe un plafond de verre dans nos médias au Québec pour tous les sports autres que le hockey, les empêchant d'avoir une couverture adéquate et régulière. La conséquence directe est que le public est largement privé de ces sports et il demeure souvent en reste, incapable de développer un intérêt pour ceux-ci, faute de suivi, ou encore de bien les saisir.

La seule façon de fracasser ce mur du silence est de signer des performances extraordinaires, ne donnant ainsi aucun choix aux médias d'en parler. Eugenie Bouchard doit se rendre en finale. Les Carabins doivent être champions. Les Alouettes doivent remporter la Coupe Grey. Sinon, leur couverture médiatique sera reléguée à l'anecdotique.

Alors quand un autre sport réussit à percer, on s'étonne de ne pas l'avoir venu venir, on cherche à comprendre.

Et pourtant, sachez que l'Impact n'en est pas à sa première aventure en Ligue des champions CONCACAF. L'équipe s'était rendue en quarts de finale en... 2009 !

LE CANADIEN, SEUL MAÎTRE À BORD

Mais si vous n'avez pas entendu parler de tout cela, ne soyez pas surpris. Une étude d'Influence Communication en 2014 démontre que le Canadien de Montréal obtenait 70 % de la couverture médiatique sportive au Québec l'an dernier (vous avez bien lu), pendant qu'Eugenie Bouchard (6 %), les Alouettes (5 %) les autres équipes de la LNH (4 %), l'Impact (3 %) et tous les autres sports confondus se disputaient les grenailles.

La vraie question est donc : comment voulez-vous éduquer un public lorsque 97 % du temps, votre message ne trouve pas preneur auprès de la masse critique ? La meilleure façon, dans le contexte actuel, est de gagner.

Sauf que si la victoire fait toujours jaser, malheureusement, l'inverse est aussi vrai. La preuve : toujours selon la même étude, les Alouettes et l'Impact, malgré déjà une faible présence, ont vu leur poids médiatique chuter en 2014 comparativement à l'année précédente, en raison de leurs mauvaises saisons. C'est de loin ce qui est le plus inquiétant pour la survie de tous les sports de haut niveau au Québec.

Si après plus de 20 ans, nous sommes toujours incapables de parler de l'Impact de façon intelligente et soutenue dans notre faune médiatique sportive et dans nos salons, c'est peut-être aussi parce que nous n'en voulons tout simplement pas.

Et peu importe les succès de l'équipe en Ligue des champions, c'est après, bien après, lorsque la poussière de cette chevauchée fantastique sera retombée, qu'on verra si les choses ont réellement changé.