Le Viêtnam communiste vient de convoquer l'ambassadeur canadien à Hanoï pour protester contre la loi S-219, qui vient d'être promulguée. Ce projet de loi fait du 30 avril la Journée du Parcours vers la liberté, en souvenir de l'exode de centaines de milliers de Vietnamiens après la chute de Saïgon, en 1975.

Ce geste désespéré du gouvernement du Viêtnam est le dernier épisode d'une série de protestations et de pressions communistes visant à tuer dans l'oeuf le projet de loi présenté par le sénateur Thanh Hai Ngo.

Pourquoi cette agressivité diplomatique? Pourquoi cette interférence dans les affaires internes du Canada? Parce que depuis 40 ans, la propagande communiste faisait du 30 avril 1975 le jour de la «libération» après la chute du Viêtnam du Sud. En réalité, il s'agissait d'une guerre fratricide où le Nord communiste armé par les Chinois et les Russes a envahi le Viêtnam du Sud pour imposer au peuple vietnamien un régime d'oppression tyrannique où les droits de la personne sont lamentablement bafoués, où des gens torturés meurent dans les postes de police sous les yeux complaisants de l'État.

Après le 30 avril 1975, marquant la mainmise communiste sur le Viêtnam du Sud, des centaines de milliers de Sud-Vietnamiens ont été emprisonnés dans des camps de concentration, appelés «camps de rééducation», de vrais goulags sibériens, à côté desquels s'étendaient de vastes cimetières où gémissaient les âmes de ceux qui avaient été fusillés ou avaient succombé aux tortures ou à l'épuisement.

Certains Vietnamiens du Sud y ont séjourné sans procès jusqu'à 25 ans afin que soit assouvi le désir de vengeance des communistes. D'autres ont cherché à fuir ce régime sanguinaire par voie de mer. Pendant cet exode qui s'est étendu sur une décennie, des centaines de milliers de «boat people» ont été engloutis sous les vagues de l'océan Pacifique, selon les estimations d'organisations internationales. Ceux qui sont parvenus aux rivages en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie ont été acceptés comme réfugiés politiques, puis comme citoyens par les pays occidentaux. Cette diaspora vietnamienne a beaucoup grandi en nombre depuis 40 ans: 1,5 million de personnes aux États-Unis, 300 000 au Canada.

Dans le coeur de chaque Vietnamien, où qu'il soit dans le monde, reste toujours vif le sentiment de gratitude envers son pays d'adoption. Et ce sentiment se transmet de génération en génération à travers l'éducation familiale.

Le bien le plus précieux

La liberté est le bien le plus précieux que nous offre notre pays d'adoption. Nous la chérissons encore plus lorsque nous sommes des témoins impuissants de l'oppression que le régime communiste exerce aujourd'hui sur 90 millions de Vietnamiens. La Loi sur la Journée du Parcours vers la liberté est une potion qui réchauffe le coeur des Canado-Vietnamiens, qui cicatrise les blessures profondes des «boat people», qui leur apporte un bonheur de «nirvana», qui réveille la conscience des Vietnamiens vivant encore sous le joug communiste.

J'exprime ma profonde gratitude au Parlement canadien et au premier ministre Stephen Harper, qui ont bien compris le vrai enjeu de la guerre du Viêtnam et qui ont le courage d'être les premiers, parmi les pays occidentaux, à exprimer une vérité historique. Trois cent mille Canado-Vietnamiens se souviendront pour toujours de ce geste généreux du Parlement et du gouvernement du Canada. Mille mercis aux compatriotes de notre deuxième patrie qui nous ont accueillis avec générosité, nous qui avons été rejetés vers la mer par un pouvoir satanique.