Ce jeudi, le gouvernement Couillard présentera son deuxième budget et devrait annoncer en grande pompe le retour à l'équilibre budgétaire. Sous le couvert du déficit zéro, ce budget camouflera en réalité un surplus d'environ 1,6 milliard de dollars. Dans le contexte actuel d'austérité et de sous-financement, ce surplus devrait être réinvesti dans les services publics, notamment en santé et en éducation.

Le vrai solde budgétaire

La définition actuelle de « solde budgétaire au sens de la Loi sur l'équilibre budgétaire » a pour effet de donner une image faussée de la réalité des finances publiques du Québec. Si l'on se fie aux estimations de la dernière mise à jour économique de novembre, le surplus réel de 1,6 milliard de dollars qui sera réalisé par le gouvernement disparaîtra à la suite de l'inclusion, sous forme de dépenses, d'un versement équivalent au Fonds des générations.

Les prévisions pour les cinq prochaines années annoncent une hausse importante de ces versements au Fonds des générations, à plus de 3 milliards de dollars. Il est primordial que les documents budgétaires reflètent le fait que les futurs « déficits zéro » cacheront en fait des surplus importants qui seront affectés exclusivement au remboursement de la dette. Cette décision éminemment politique ne peut être dissimulée derrière un automatisme budgétaire. Dans le contexte où plusieurs services et programmes sont remis en question et où l'on demande d'importants sacrifices aux employées et employés de l'État, la population est en droit de débattre des priorités dans l'affectation de ces surplus.

Un retard en santé

et en éducation

Pour appuyer sa volonté de réduire la taille de l'État, le gouvernement cultive la fausse image de « lourdeur » de notre État. Pourtant, si l'on regarde les dépenses par habitant de l'ensemble des administrations publiques sur le territoire du Québec, fournies par Statistique Canada, on constate qu'elles s'élèvent à 18 381 $, comparativement à une moyenne de 18 815 $ pour l'ensemble du Canada.

Les données montrent des retards importants en termes de financement dans les réseaux de l'éducation et de la santé. Si l'on se compare avec les provinces voisines, on constate que le Québec consacre moins de ressources à la santé et à l'éducation pour chaque citoyenne et citoyen. En santé, Québec investit 3 139 $ par habitant, alors que la moyenne des autres provinces est de 3 568 $. Il s'agit donc d'un manque à gagner de plus de 400 $ par personne, ou de près de 3 milliards pour le réseau de la santé québécois. En éducation, le Québec consacre 2 542 $ par habitant alors que les autres provinces investissent en moyenne 2 807 $ par personne.

Difficile, au regard de ces chiffres, de parler « d'État obèse » ou de « Cadillac luxueuse ». La population québécoise est en droit d'exiger un panier de services publics d'une qualité et d'une accessibilité comparables à ceux des autres provinces. C'est à cette mission que devraient être réinvestis les surplus que le gouvernement camouflera cette semaine.