L'auteur réagit au texte «Donner 628 millions à 7300 riches», publié hier.

La vision des auteurs du gain en capital et, de façon plus large, du fonctionnement des marchés financiers, dont la bourse, est très incomplète et simpliste.

Les auteurs ne voient que les gens fortunés, trop peu nombreux au Québec. Ils ne tiennent pas compte de la réalité des centaines de milliers de petits épargnants qui investissent leurs épargnes dans les marchés financiers secondaires au moyen des organismes de placement collectif de toutes sortes, selon leurs objectifs de placement, et qui sont imposés directement sur les gains en capital net qu'ils réalisent.

Ils ne tiennent pas comptent non plus des petits épargnants, très nombreux, qui se serrent la ceinture pour investir dans l'immobilier, notamment des duplex et triplex, dans l'espoir de les revendre au moment de la retraite et de réaliser un gain en capital qui améliorera leurs vieux jours. Le bref gouvernement Marois a rapidement compris cela et a dû reculer sur son idée d'augmenter le taux du gain en capital imposable.

Enfin, les auteurs ne semblent pas réaliser l'impact adverse que leur mesure drastique aurait sur les marchés boursiers, dont le rôle est d'assurer la liquidité des titres qui y sont négociés. Un épargnant ne veut habituellement pas d'un titre (action, obligation, unité de fonds de placement, etc.) dont il ne peut disposer rapidement à une valeur la plus proche possible de sa juste valeur marchande.

Enfin, les auteurs ne font vraiment pas de cas - mais pas du tout - de l'inverse du gain en capital, soit la perte en capital qui se produit lorsque l'on vend un titre, une maison ou autre actif pour un prix inférieur à celui où on l'a acquis, ce qui se produit très souvent.

Enfin, un coup parti, les auteurs pourraient proposer l'imposition du gain en capital réalisé lors de la vente d'une résidence principale, actuellement exempt de tout impôt. Beaucoup d'argent pour le gouvernement à aller chercher là et, si on suit leur pensée jusqu'au bout, ce ne serait que juste et raisonnable par rapport aux gens moins fortunés, qui ont dû se contenter d'être locataires toute leur vie. Et que dire de la réaction des gens à une telle mesure et de son impact sur le marché immobilier...