En cette journée mondiale du sommeil, plusieurs aspects reliés aux bienfaits de cet état de conscience méritent notre attention. Les neurosciences découvrent sans cesse de nouveaux bénéfices associés au sommeil. Saurons-nous quoi faire toutefois pour en faire profiter pleinement tous ceux qui méritent de bonnes nuits de récupération, en commençant par nos enfants dont le cerveau est en plein développement?

Instinctivement, nous savons tous que le sommeil est important. Nous avons tous eu l'expérience de nuits avec peu de sommeil ayant été suivies de fatigue et de sous-performance. Par contre, les méfaits du manque de sommeil vont beaucoup plus loin. De nombreuses études démontrent des liens clairs entre le manque de sommeil et plusieurs conditions incluant les troubles d'attention, les accidents, l'obésité, les maladies cardiaques, le cancer et bien d'autres maladies.

Au-delà des maladies associées à la privation de sommeil, ces heures de moins au lit empêchent d'obtenir d'énormes avantages cérébraux reliés au sommeil. Dormir est associé à une augmentation importante des apprentissages en permettant une intégration de ce à quoi nous avons été exposés la veille. Aussi, une importante découverte récente démontre que le cerveau a un système de nettoyage, le système glymphatique. Celui-ci permet de libérer le tissu cérébral de plusieurs toxines et ce système est à l'oeuvre presqu'exclusivement durant le sommeil.

Si nous savons tous que le sommeil est important, pourquoi notre société en est-elle si déficiente? Les études démontrent bien que les performances de la moyenne des adultes se détériorent progressivement avec moins de 9 heures au lit, même si la moyennes d'entre nous rapporte croire être capable d'être à son meilleur avec six heures et demie de sommeil. Un élément fondamental limitant la progression de notre société vers le respect du sommeil de tous est d'abord que notre conscience est limitée en sa capacité de bien évaluer subjectivement l'effet réel du manque de sommeil, qui se mesure beaucoup mieux avec des outils comme les temps de réaction.

Un autre élément majeur limitant le respect de notre sommeil et du sommeil des autres incluant celui de nos enfants, est ce besoin d'atteindre ou dépasser des standards dans un monde compétitif. Un grand sondage récent auprès des parents démontre que les devoirs et les activités en soirée (incluant en grande partie pour les jeunes des entraînements ou des compétitions sportives) sont les plus grands voleurs d'heures de sommeil, au-delà des appareils électroniques. À court terme, le travail remplaçant ces heures de sommeil semble instinctivement plus profitable. Mais le danger ici est de s'enliser comme société dans un mode de vie dans lequel les stratégies utilisées pour être le meilleur ne font que créer un monde malsain pour nous tous, incluant nos enfants.

Et parmi ces stratégies, parlons un peu de la caféine, cette drogue malheureusement très banalisée. La caféine agit principalement en bloquant l'effet de l'adénosine, qui est naturellement un des messagers principaux de notre corps pour nous indiquer que nous manquons de sommeil. La caféine stimule aussi temporairement l'éveil en augmentant le niveau de cortisol et d'adrénaline, substances associées au stress dans notre système nerveux et tous nos organes. Donc, boire du café ou tout produit à base de caféine est-il vraiment le modèle et l'outil que nous voulons transmettre à nos jeunes pour les éveiller et les énergiser?

Et si, pour améliorer la santé et le développement de nos enfants, on cherchait à mesurer et améliorer leur bien-être et leur niveau d'éveil naturellement au lieu de seulement mesurer leurs capacités par des résultats académiques et sportifs? Quel chemin prendrons-nous pour en venir à respecter le sommeil de nos enfants, qui en ont tant besoin? Le défi est grand. En route vers cette solution, puisque la nuit porte conseil, je nous souhaite tous: Bonne nuit!