L'auteur réagit à la chronique d'Alain Dubuc, «Le gaspillage d'une ressource», publiée le 28 février.

Dans son commentaire, Alain Dubuc mentionne qu' Hydro-Québec vend son électricité en dessous de sa valeur.

Pour soutenir cette affirmation, il faut d'abord déterminer la valeur de l'électricité du Québec. Comment fait-on pour déterminer celle-ci, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde? Il n'existe pas de valeur du marché comme c'est le cas pour le pétrole.

Dans toutes les juridictions, la valeur de l'électricité et son prix sont déterminés par ce qu'il en coûte pour la produire, la transporter et la distribuer à la clientèle. Par conséquent, les prix de l'électricité diffèrent énormément d'une région à l'autre. Il en coûte beaucoup plus cher pour produire l'électricité en Alberta et en Ontario parce que la source d'énergie est le gaz et le charbon, beaucoup plus coûteux que l'hydroélectricité. Par ailleurs, les prix de l'électricité sont moins élevés en Colombie-Britannique et au Manitoba qu'au Québec. Ces deux provinces de l'Ouest produisent, tout comme ici, à partir de barrages hydroélectriques.

Alors, comment déterminer le juste prix de l'électricité? En se comparant à ceux qui vendent plus cher que nous ou à ceux qui vendent à prix moindre?

Les différentes juridictions utilisent toutes la même méthode. Celle des coûts réels de la production, du transport et de la distribution auxquels on ajoute un profit. C'est cette méthode qu'utilise Hydro-Québec, méthode vérifiée régulièrement par la Régie de l'énergie. Toutefois l'application de la méthode ne respecte pas totalement la règle de l'art. La Régie accepte d'appliquer l'interfinancement entre les différents tarifs (différentes classes de clients). Par exemple, le tarif résidentiel ne couvre pas ses coûts. C'est le tarif commercial et des PME qui finance en partie le tarif résidentiel.

Si chaque catégorie de client payait sa juste part des coûts réels pour son électricité, il en résulterait des hausses tarifaires de quelques points de pourcentage pour certaines catégories de clients et des baisses pour d'autres. Globalement, Hydro-Québec récolterait des revenus additionnels de quelques centaines de millions de dollars par année. Nous pourrions alors affirmer que l'électricité est vendue à son juste prix.

Si Hydro-Québec vendait son électricité à un prix largement supérieur à son coût réel, disons le double des prix actuels comme l'évoque M. Dubuc, les tarifs ne couvriraient pas seulement leur coût, ils comporteraient aussi une large part de taxe, comme c'est le cas dans le prix du pétrole.