Certains avancent que la rationalisation des structures de développement régional proposée par le gouvernement témoigne d'un désintérêt pour ce même développement.

Pourtant, il est possible de discuter de rationalisation des structures tout en étant convaincu de l'importance de développer l'économie sur l'ensemble du territoire. À preuve, la FCCQ a soutenu une rationalisation des structures, alors même que les chambres de commerce sont de précieux agents de développement économique régional.

Comme citoyens, nous vivons à la fois dans une municipalité, une MRC et une région, en plus d'une province et d'un pays. Nous sommes donc gouvernés par cinq couches de structures superposées. En faut-il autant? Pas nécessairement, et pas seulement en raison des coûts.

Les structures superposées s'activent parfois dans un même domaine. Dans le développement économique local, certaines municipalités ont leur Centre de développement économique et communautaire (CDEC), les MRC ont chacune leur centre local de développement (CLD) et leur Fonds local d'investissement (FLI), tandis que les Conférences régionales des élus (CRE) ont leur Fonds de développement régional.

De plus, le gouvernement du Québec a son réseau de Carrefours Jeunesse Emploi et Investissement Québec a ses autres programmes d'aide. Enfin, le fédéral a ses Services d'aide au développement des collectivités (SADC). Vous ne vous y retrouvez plus? Rassurez-vous, vous n'êtes pas seul!

Le gouvernement du Québec entend supprimer la troisième des cinq couches de gouvernance: les CRE. Il cessera aussi de financer le fonctionnement des CLD et laissera les MRC et les municipalités assumer le mandat de développement économique local.

Dans les régions plus densément peuplées, cette rationalisation des structures passera plus inaperçue. Dans certaines MRC, par contre, les impacts seront plus importants et il faudra veiller à ce que les fonctions actuellement remplies par les CLD soient assumées adéquatement. Mais qu'à cela ne tienne, certains y voient tout de même «une démarche de centralisation sans précédent».

Mais plus fondamentalement, ces interventions posent une bonne question: quelle est l'importance des structures dans la panoplie des moyens pour développer l'économie?

Dans les années 80 et 90, avec la restructuration industrielle, la délocalisation des manufactures et un marché du travail saturé, le plus grand défi des gouvernements était de gérer le chômage. Ou à tout le moins, à défaut de créer de bons emplois, de créer des opportunités. C'est dans ce contexte qu'ils ont encouragé la création d'une constellation d'organismes voués à l'entrepreneuriat à l'échelle locale. Les CDEC, les CLD et les SADC, entre autres, sont issus de ce mouvement.

Ce contexte a changé. Bien sûr, il reste du chômage conjoncturel et des chômeurs de longue durée. Mais structurellement, nous entrons depuis quelques années dans une nouvelle ère. Maintenant, le plus grand défi est de répondre à la demande solvable pour des travailleurs qualifiés.

Les dizaines d'organismes de développement local accordent des aides qui financent des projets totalisant quelques milliers d'emplois, souvent dépendants de l'aide publique. Pendant ce temps, des entreprises rentables peinent à recruter des travailleurs qualifiés et se voient ainsi freinées dans leur croissance. De même, nous hésitons à permettre des investissements industriels majeurs, comme Mine Arnaud à Sept-Îles, susceptibles de créer ensemble des milliers d'emplois bien payés.

Avec ce débat sur les structures du développement régional, nous focalisons sur la paille plutôt que la poutre.

Moins de structures et davantage de projets d'investissements: voilà une voie porteuse pour la prospérité de nos régions!