Les CPE coûtent entre deux et trois milliards au Trésor public québécois chaque année. Il est peu probable que les Québécois en aient pour leur argent. Ainsi, les places en CPE coûtent plus de 60$ par jour, comparativement à 45$ pour une garderie privée à Westmount et à 35$ en moyenne pour une garderie privée ailleurs. De plus, les familles à revenus modestes (50 000$ et moins) ont un accès limité aux CPE en raison des tarifs exigés ainsi que de leur faible pouvoir de représentation face aux décideurs politiques.

Par ailleurs, l'accès des familles à revenus modestes à une garderie privée de qualité est une vue de l'esprit. Ainsi, ces familles n'ont pas les moyens financiers pour que leurs enfants fréquentent une garderie privée de qualité. Il est vrai que ces familles ont droit à des mesures fiscales compensatoires, mais elles sont souvent insuffisantes et non progressistes.

Le gouvernement a révisé sa tarification des CPE il y a quelques mois. On est en droit de se demander si cette nouvelle tarification est progressiste. À première vue, la réponse est non. Ainsi, la part des frais de garde (après mesures fiscales) dans le revenu familial augmente généralement lorsque ce dernier diminue, et ce, pour les garderies subventionnées et non subventionnées.

Ce constat découle des résultats de simulations des frais de garde des garderies subventionnées ou non effectuées avec l'outil de calcul du ministère des Finances pour des revenus familiaux de 25 000$ (un conjoint est malade et sans revenus), 50 000$ (chaque conjoint gagne 25 000$) et 100 000$ (chaque conjoint gagne 50 000$). Le tarif utilisé pour le privé est de 35$ par enfant.

À 60$ par jour, les coûts des CPE sont trop élevés. Le gouvernement doit les diminuer en ne participant plus au financement des infrastructures des CPE et en indexant leur tarification à l'évolution du coût, afin d'augmenter son pouvoir de négociation avec les CPE. Il doit ensuite diminuer les tarifs récemment annoncés, particulièrement pour les familles à revenus modestes. Le coût quotidien net des CPE pour ces familles ne devrait jamais excéder 4$ par enfant. Le gouvernement doit aussi rendre toute sa tarification progressive (après l'application des mesures fiscales).

De plus, par souci d'équité et pour assurer l'universalité réelle de la politique familiale, le gouvernement doit aussi s'assurer (via notamment des crédits d'impôt généreux et versés mensuellement) que les frais de garde pour les familles à revenus modestes ne soient pas plus élevés quand leurs enfants fréquentent une garderie privée à 35$ (ou moins) que lorsqu'ils fréquentent un CPE.

Dans les cas où les tarifs privés actuels de 35$ (ou moins) sont inférieurs à 4$ par jour par enfant, le gouvernement doit laisser la situation actuelle inchangée. Voir ci-dessus le cas d'une famille avec un revenu de 50 000$ dont les deux enfants fréquentent une garderie à 35$ par jour par enfant et dont le coût effectif quotidien par enfant est de 2,56$.

Ces mesures assureraient une véritable accessibilité aux garderies pour les familles à revenus modestes. Or, c'est précisément pour ces familles que l'impact d'une politique familiale sur la participation des femmes au marché du travail devrait logiquement être le plus élevé.