Le gouvernement du Québec a déposé ses offres salariales aux syndicats du secteur public de compétence provinciale: gel des salaires durant deux ans, augmentation de 1% chacune des trois années suivantes et report de la retraite à 62 ans. Les syndiqués ne sont pas contents, et les contribuables non plus.

En 2013, selon le Bureau de la statistique du Québec, il y avait près de 3 millions de travailleurs au Québec et 40% de ceux-ci étaient syndiqués. Parmi eux, les 550 000 fonctionnaires provinciaux. Ce pourcentage inclut également les fonctionnaires municipaux, les employés d'Hydro-Québec et ceux des autres sociétés d'État ainsi que les travailleurs syndiqués des grandes entreprises.

Cela signifie que six travailleurs québécois sur dix ne sont pas syndiqués et ne bénéficient pas, pour une majorité d'entre eux, de la protection d'une convention collective garantissant des avantages importants tels une certaine sécurité d'emploi, des augmentations de salaire automatiques, de primes et augmentations d'échelle salariale, congés de maladie payés et cumulables, fonds de retraite généreux, assurances collectives, heures supplémentaires payées à taux élevé, plus de deux semaines de vacances annuelles, etc.

Il est de notoriété publique qu'une majorité de Québécois n'a pas de fonds de retraite. Il en a été largement question au cours des débats sur le projet de loi 3. Dans le secteur privé, quand un employeur n'a pas atteint ses objectifs, il gèle les salaires ou restreint leur progression. Quand il a des difficultés financières, il congédie des employés. Et dans bien des cas, les congédiements ne sont pas dictés par une question de survie de l'entreprise, mais par une amélioration de la rentabilité. Chaque semaine apporte son annonce de tels congédiements. Pas de convention collective pour protéger ces travailleurs. Aucune sécurité d'emploi.

Je sais de quoi je parle: ma retraite est assurée à 100% par mes épargnes dans un REER et j'ai déjà été congédié à la suite de compressions budgétaires d'un gouvernement libéral et également par une entreprise privée qui a mis fin abruptement à un projet auquel je contribuais.

Les employés syndiqués du secteur public sont donc choyés. Plus de la moitié des avantages dont ils bénéficient est payée par tous ceux qui n'en bénéficient pas autant. Ils devraient s'en souvenir dans les moments difficiles où on leur demande des sacrifices. Certains parmi eux travaillent dur et dans des conditions difficiles, certes, mais ils ne sont pas les seuls. Ce n'est pas une excuse pour agir en enfants gâtés et refuser de contribuer à l'effort collectif qui est demandé.