Le gouvernement du Québec est engagé dans un bras de fer à la Cour suprême avec le gouvernement fédéral au sujet de la propriété des données du registre des armes d'épaule. Mettons de côté pour un instant tout le débat entourant l'efficacité d'un tel registre, où les deux positions amènent de bons arguments, et concentrons-nous sur l'administration d'un système aussi vaste et complexe.

À l'époque, le gouvernement libéral de Jean Chrétien avait promis que la mise en oeuvre du registre ne coûterait que 2 millions de dollars annuellement aux contribuables canadiens. Quinze ans plus tard, cette facture a gonflé à plus de 1 milliard, selon le rapport de l'ancienne vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser (le coût total aujourd'hui frôle les 2 milliards). De plus, le système d'informatisation qui devait être mis en place au début des années 2000 avait coûté, à lui seul, plus de 90 millions de dollars, trois fois plus que prévu, et était en retard de plusieurs années.

Force est de constater que la mise en place du registre des armes a été un des plus grands scandales financiers au niveau fédéral.

En 2011, le gouvernement fédéral a annoncé la fermeture du registre pour les armes d'épaule (les armes de chasse) pour ainsi faire économiser des millions chaque année aux contribuables et réduire la paperasse bureaucratique pour les honnêtes fermiers et chasseurs. Plusieurs Québécois veulent cependant que le gouvernement du Québec établisse son propre registre pour les armes longues avec les données du fédéral.

Selon des calculs du gouvernement de Pauline Marois, la première phase de l'instauration d'un registre québécois coûterait approximativement de 3 à 5 millions. Il y a fort à parier qu'un tel estimé est nettement en dessous du coût final pour les contribuables. Il faut donc se demander s'il n'existe pas de meilleures façons d'administrer de tels registres. La réponse est oui.

Des entreprises spécialisées

Il y a plusieurs entreprises au Canada qui se spécialisent dans la gestion de registres publics. Le gouvernement de l'Ontario a privatisé son registre foncier en 2010 et généré plus de 1 milliard pour les coffres de l'État. Le Manitoba, province dirigée par le NPD, a aussi privatisé son registre foncier, ce qui a généré 75 millions pour l'État. La privatisation de ces différents registres a réduit les risques de dépassements de coûts pour les contribuables et a offert de meilleurs services pour les citoyens.

Dans le dossier entourant les armes à feu, le gouvernement a déjà démontré son incapacité, voire son incompétence, à mettre en place et gérer un tel registre. Il faut donc trouver d'autres solutions qui pourront réduire les inquiétudes des citoyens qui sont contre les armes et les honnêtes chasseurs qui veulent pratiquer leur sport sans que l'État s'ingère dans leurs activités.

Un bon compromis serait la privatisation d'un futur registre des armes québécois. Dans un contexte budgétaire difficile, il n'est pas réaliste pour le gouvernement du Québec de dépenser des millions de dollars sur une base de données et la maintenir en place. En privatisant le tout, le gouvernement pourra passer la facture aux chasseurs qui bénéficieront d'un meilleur service, tout en limitant la facture pour tous les Québécois: une situation gagnante pour tous.