Avec sa politique d'austérité, le gouvernement du Québec s'apprête à réduire les dépenses de façon importante dans le domaine de l'éducation. Peut-être est-ce la chose à faire d'un point de vue comptable, du moins à court terme.

Le discours centré sur le budget oblitère néanmoins la question fondamentale de la qualité du milieu scolaire et de l'enseignement, de même que de la compétitivité de notre système d'éducation à l'échelle nationale et internationale.

Pensons-y un instant. Pouvons-nous sérieusement songer à créer un pays capable d'assumer toutes ses responsabilités, intéresser des entreprises à s'installer chez nous et développer une richesse à partager, améliorer notre niveau de vie, bref, un pays prospère et une société généreuse, si notre principale richesse, nos jeunes gens, ne bénéficient pas des meilleures conditions pour apprendre, enrichir leur savoir et se développer en tant qu'adultes prêts à faire face aux défis d'un monde du travail qui s'avère de plus en plus exigeant?

Or, depuis de nombreuses années, chaque semaine amène son lot de mauvaises nouvelles dans le monde de l'éducation. Quand ce n'est pas la chicane public-privé qui nous occupe, ce sont les enseignants, découragés par le peu de moyens mis à leur disposition, les commissions scolaires qui revendiquent leur droit d'exister, les classes qui débordent, les écoles qui requièrent des rénovations majeures, les bibliothèques scolaires qui ne réussissent plus à se renouveler, l'insuffisance des outils technologiques et ainsi de suite.

Certaines réalités finiront toutefois par nous rattraper. Dans une économie dite «du savoir», le Québec compte près de 50% d'analphabètes fonctionnels, le décrochage scolaire atteint des proportions effarantes - chez les garçons surtout - et nos universités reculent à l'échelle mondiale.

Encore aujourd'hui, combien d'élèves arrivent au cégep mal préparés, affligés de gros problèmes de littératie? Comme si ce n'était pas assez, l'école est trop souvent incapable de répondre adéquatement aux besoins des élèves qui éprouvent des besoins particuliers.

Le Québec affiche aussi un faible taux de diplomation universitaire malgré des droits de scolarité très concurrentiels, et, à en juger par la popularité croissante du secteur privé, la confiance des parents envers le système public s'érode de façon très inquiétante.

En pareil contexte, le rapiéçage ne suffit plus. Et pourtant, nos ministres de l'Éducation successifs s'en contentent depuis des dizaines d'années!

Pourquoi ne pas prendre un moment pour réfléchir et répondre à une question fondamentale pour notre avenir collectif: comment, dans 20 ans, inscrire le Québec parmi les nations les plus instruites de la planète?

Remettons tout en question! Allons au fond des choses, depuis la qualité des installations physiques, la formation des enseignants, l'autonomie des écoles, les droits de scolarité, la place du sport et des activités parascolaires, la durée de l'année scolaire, etc., etc.

Voyons comment les secteurs public et privé peuvent agir de façon complémentaire et, surtout, de grâce, remettons les enseignants eux-mêmes au centre des discussions et donnons-leur la parole puisque ce sont eux et non les bureaucrates, les syndicats, les commissions scolaires ou le ministre qui connaissent le mieux les besoins de nos enfants! Faisons tout ce qu'il faut pour que nos jeunes développent le sentiment d'appartenance envers leur école et retrouvent le goût d'apprendre!

Le Québec regorge de talent. Nous pouvons sans gêne viser les premiers rangs. Inspirons-nous de ce qui se fait de mieux ailleurs! Nous avons conçu et réalisé la Révolution tranquille en quelques années seulement, et mis au point un modèle de société unique, à notre image.

Nous sommes certainement capables, aujourd'hui, de devenir des leaders sur le plan de l'Éducation.