Plusieurs rumeurs d'importantes compressions à venir dans les services gouvernementaux circulent actuellement. Certaines de ces coupes, il faut le dire, sont sûrement nécessaires si on veut en arriver à réduire la taille de l'État, et éventuellement le fardeau fiscal des citoyens. Mais encore, faut-il bien mesurer l'impact qu'auraient celles-ci sur les objectifs visés.

C'est sûrement le cas de cette rumeur voulant que le gouvernement augmente d'importante façon la contribution des parents qui envoient leur enfant à l'école privée, diminuant ainsi d'autant sa propre contribution au financement de ladite école.

Notons d'entrée de jeu qu'il ne semble pas ici question de remettre en cause le principe même de l'existence d'écoles privées d'enseignement au Québec, mais bien de revoir leur financement. On ne pourrait conclure en effet que le gouvernement, s'il devait donner suite à la rumeur, ne reconnaitrait plus l'école privée, un droit confirmé aux citoyens au Québec dans le préambule qui coiffe les lois créant le ministère de l'Éducation et le Conseil supérieur de l'Éducation.

Mais voilà le hic: pour bien protéger ce droit, faut-il encore que les personnes et les groupes (lire ici l'école privée) bénéficient de moyens administratifs et financiers nécessaires à la poursuite de leurs fins. En d'autres mots, pour assurer aux citoyens le respect de leurs droits, le législateur a déjà garanti, dans le préambule même des deux lois mentionnées plus haut, que l'on donnera les moyens nécessaires pour faire en sorte que l'exercice du droit en question ne soit pas que théorique et donc illusoire.

Or, l'exercice de ce droit serait-il compromis si les rumeurs actuelles prenaient forme, et que les parents voyaient passer les frais de scolarité à l'école privée de 4000$ à 6000$ par an? La question est posée et on doit y répondre, si la rumeur s'avère fondée.

Selon une étude de chercheurs de l'Université de Sherbrooke conduite dans l'ensemble des régions du Québec en 2013, et rapportée par le journaliste Jean-Paul Gagné du journal Les Affaires, une hausse de 1000$ à 2000$ des droits de scolarité à l'école privée amènerait le tiers (32%) des parents à retirer leur enfant de l'école privée pour les transférer à l'école publique. Ce qu'il faut savoir en effet, c'est que 28% des parents qui envoient leur enfant à l'école privée ont un revenu familial brut de moins de 100 000$. Ce sont là des parents loin d'être parmi les mieux nantis, comme voudraient nous le faire croire d'aucuns dans tous les débats à ce jour entourant l'école privée.

Il y a aussi le fait que l'école publique coûte au gouvernement plus cher que l'école privée dont il n'assume aujourd'hui que 60% des coûts: quel serait alors l'intérêt financier du gouvernement d'accréditer la rumeur actuelle qui, dans les faits, pourrait envoyer au secteur public 32% des élèves du secteur privé?

Il y a donc lieu, en dehors de toute analyse des arguments allégués pour ou contre l'école privée, d'analyser, au simple plan financier, la pertinence de la rumeur actuelle et de s'assurer qu'elle n'est pas fondée. En effet, telle qu'elle nous parvient actuellement, elle représenterait un important coût additionnel pour l'État.