La défaite du Parti québécois le 7 avril dernier a été un dur coup à encaisser. D'ailleurs, le ressac n'est pas encore terminé. Les raisons de cette raclée sont multiples et les premiers responsables sont nous-mêmes, membres du gouvernement de Pauline Marois.

Depuis bientôt six mois, les différentes instances du Parti, élus comme militants, font leurs bilans, tirent leurs constats et se remettent à l'ouvrage. Je suis impressionné par la résistance des centaines de bénévoles partout au Québec qui, dès le lendemain de ce cuisant échec, ont nettoyé les locaux électoraux, retiré les affiches, se sont serré les coudes tout en séchant leurs larmes, dans bien des cas...

J'admire ces militants qui méritent notre respect en cette ère où l'engagement politique n'est pas valorisé. Cette force composée de dizaines de milliers de membres est l'essence même de ce grand parti et la principale preuve qu'il vaut la peine de s'y investir, de le réformer et d'en faire le porteur des grandes aspirations des Québécois et des Québécoises.

De mon côté, ma pratique active du vélo m'a bien fait comprendre qu'en politique, comme dans la vie, rien n'est jamais plat... Les dernières semaines ont été riches en réflexions. J'en viens à la conclusion que je ne serai pas candidat à la direction du Parti québécois. L'allure qu'a prise la campagne larvée depuis quelques semaines - avec notamment le tiers du caucus qui pense se présenter - me pousse à ne pas vouloir y participer.

Le peuple nous regarde, mais ne nous écoute plus. Tout le monde sait bien que le PQ veut faire un pays! Mais nous n'y arriverons pas sans d'abord redevenir l'alternative au gouvernement libéral. Pour ce faire, la course à la direction doit impérativement prendre racine dans les préoccupations des Québécois. En ce moment, ceux-ci sont bien loin du débat sur le meilleur moment de tenir le prochain référendum!

La responsabilité des membres du PQ est de choisir celui ou celle qui sera le prochain premier ministre du Québec, compétent et ouvert sur le monde, apte à gérer la complexité d'un État moderne et à supporter la pression inhérente à la fonction. On ne veut pas d'un enfant prodigue ou d'une copie sublimée de René Lévesque (celle-là, je ne suis plus capable de l'entendre...).

Je continuerai de contribuer au parti, mais autrement qu'en me voyant calife à la place du calife. Je veux continuer de tenter de répondre le plus possible aux préoccupations légitimes et actuelles des Québécois tout en illustrant de façon concrète les avantages de la souveraineté du Québec.

Je crois qu'il faut dès maintenant insister fortement sur la lutte aux changements climatiques, l'indépendance énergétique, le nationalisme économique et environnemental ainsi que la justice sociale et la diminution de l'endettement des familles. Tous les jours dans mon travail de député de Jonquière, de porte-parole en environnement pour l'opposition officielle et de vice-président de la commission parlementaire sur la santé et les services sociaux, je sais que je peux faire la différence.

Je suis en politique pour être avec le monde, les accompagner dans leurs projets et faire avancer le Québec. Je constate malheureusement que la course à la direction, telle que partie avec ses sempiternels débats sur la mécanique et la couleur de la margarine souverainiste, ne me permettra pas de vivre cet engagement.

Je n'ai jamais cherché à prendre toute la place sur l'échiquier politique. Comme ministre, j'avais un travail à faire. Je l'ai fait. Comme député, c'est la même chose. Ma façon de vivre l'engagement politique me pousse à me brancher les deux pieds sur terre, d'abord avec ceux et celles qui m'ont élu mais aussi avec les partenaires en environnement qui veulent dès maintenant changer les choses à cet égard au Québec.