Après le fiasco électoral subi par le Parti québécois le 7 avril dernier, on aurait pu croire à un électrochoc salutaire, de nature à secouer le carcan intellectuel et idéologique dans lequel s'était enfermée cette formation politique. C'était trop vite oublier l'atavisme décomplexé auquel ses principaux représentants ont l'habitude de succomber.

Obsédés par la course à la direction, les acteurs les plus en vue du parti se complaisent dans une casuistique référendaire aussi puérile que vaine. Voilà autant d'ambitieux qui arrivent tard à des idées déjà vieilles et qui font de grands pas pour accorder le présent au passé. Cette fixation collective, au sein du Parti québécois, autour du syndrome référendaire, illustre clairement l'incapacité de ses membres à envisager les autres causes, sans doute tout aussi décisives, de la défaite printanière.

Jean-François Lisée affirme vouloir mettre fin à «l'ambivalence» électorale qui a servi de tremplin au PQ depuis l'élection victorieuse de 1981. À partir de ce pieux principe, il échafaude un «mécanisme» tortueux et faussement résolu, sans discerner que le boulet référendaire auquel il s'accroche, tout en le repoussant en avant, continue d'écraser toutes idées nouvelles. Loin de lever l'ambiguïté, Jean-François Lisée en propose l'exacte contrefaçon.

Quant à Bernard Drainville, comme son confrère, il propose de mettre en berne le projet référendaire lors de l'élection de 2018, mais d'en faire la promotion en vue d'un éventuel référendum à tenir en 2023. L'un et l'autre proposent donc de rafistoler le processus référendaire comme une vieille armoire et, sur des airs apparemment différents, égrènent la même complainte fatiguée. Au fond, chacun se contente se proposer un calendrier référendaire à géométrie variable.

Au Parti québécois, l'Histoire à la malencontreuse habitude de resservir plusieurs fois les mêmes plats. Or, cette vieille cuisine rassise, les candidats à la direction, clandestins ou officiels, pressés ou circonspects, s'entêtent encore une fois à nous la remettre sous le nez, sous de faux airs de nouveauté.

Chacun multiplie les fausses pistes, menant à autant de culs-de-sac électoraux, au lieu de s'employer à élaborer un dessein politique collectif susceptible de rassembler une majorité de citoyens. Il ne suffira pas au PQ pour reconquérir le pouvoir d'écarter le Léviathan référendaire, ou pire, de le dissimuler encore une fois dans l'armoire à balai d'un lendemain indéterminé.

Entre le social-libéralisme de l'ère Marois, le libéralisme aux relents post-thatchériens du Parti libéral et le pragmatiste simpliste de la droite réformiste incarnée par la CAQ, le Parti québécois a le devoir de proposer une autre voie, un espace politique qui unit les citoyens autour d'une conception différente du politique.

Le type de discours tenu par les ténors du PQ ces dernières semaines ne fait que nourrir encore plus la défiance des électeurs à l'égard de ce parti. Incapables d'apporter une réponse à la hauteur du problème, de transformer le projet péquiste, ceux-ci préfèrent choisir le mur pour cible et se projeter dans l'autoproclamation partisane.

Si le Parti québécois souhaite que la course à la direction soit autre chose que ce jeu de rôle insignifiant dont on nous offre depuis quelques semaines déjà le pitoyable spectacle, il devra se mettre à réfléchir à ce qu'il veut être, au besoin contre lui-même. Les électeurs n'attendent plus rien de ces politiciens perclus dans une rivalité mimétique.