L'auteure adresse sa lettre à Stéphane Bédard, chef par intérim du Parti québécois.Monsieur le chef de l'opposition officielle,

Durant les 18 mois que le Parti québécois a formé le gouvernement, et depuis que votre parti est devenu l'opposition officielle, vous et vos collègues, dont votre nouvelle porte-parole en Santé, Diane Lamarre, tentez obstinément de faire porter aux médecins du Québec le fardeau du mauvais état des finances publiques. Vos commentaires répétés à l'égard de la rémunération des médecins sont injustes, voire partisans.

Nous savons tous que si la situation budgétaire du Québec est en piteux état, c'est parce que depuis les 20 dernières années, les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas pris les décisions qui s'imposaient et ont laissé cours au gaspillage de fonds publics. Les exemples pleuvent; on n'a qu'à regarder la commission Charbonneau pour en avoir une petite idée... et encore!

Je tiens à vous rappeler que les médecins du Québec, spécialistes et omnipraticiens, ont négocié de bonne foi avec les gouvernements en place pour le renouvellement de leur entente. En 2007 ainsi qu'en 2011, les gains obtenus étaient notamment basés sur une réalité: un écart très important de rémunération avec la moyenne des médecins des autres provinces. Pas la plus haute, la moyenne! Des études sérieuses en ont fait la démonstration en tenant compte de tous les paramètres économiques de comparaison.

Or, les médecins du Québec ne sont ni moins bien formés, ni moins bons que ceux du ROC. Je vous rappelle d'ailleurs que c'est le gouvernement du Parti québécois qui, le premier, a reconnu la nécessité de traiter de cette «situation» alors que François Legault était votre ministre de la Santé. Cela se passait en 2003 et vous étiez vous-même membre de ce gouvernement. Vous étiez aussi député quand l'entente de redressement de notre rémunération a été signée avec le gouvernement Charest et rendue publique le 18 septembre 2007.

À l'époque, les médecins avaient d'emblée accepté d'étaler leur hausse de rémunération sur 10 ans, de 2006 à 2016, ce qui en soi est un exemple parfait de citoyens responsables soucieux de l'état des finances publiques. Comment se fait-il alors que ces déboursés n'aient pas été planifiés par des gestionnaires responsables? Voilà qu'aujourd'hui, on pointe les hausses de rémunération des médecins pour expliquer les difficultés financières du Québec. Qui plus est, vous laissez entendre que des services aux citoyens seront coupés si les sommes dues aux médecins ne sont pas à nouveau reportées; voilà une bien triste manoeuvre.

Les sources possibles de récupération de fonds publics sont légion. Mais qu'à cela ne tienne, les médecins du Québec ont, une fois de plus, accepté de participer à l'exercice d'équilibre budgétaire en cours. Malgré ce que vous martelez sur toutes les tribunes, sachez que, bien qu'ardues, les négociations avec l'actuel gouvernement sont toujours en cours. Nous sommes à la table avec toute la bonne volonté requise de notre part.

Pendant ce temps, les médecins spécialistes du Québec, qui figurent parmi les meilleurs au monde, sont dans les hôpitaux, les cliniques spécialisées et les centres de recherche pour soigner les patients et faire avancer la médecine. C'est pour cette raison que nous sommes devenus médecins... nonobstant notre rémunération.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le chef de l'opposition officielle, mes meilleures salutations.