Offrir une plus grande vitrine à un produit entraîne la plupart du temps une augmentation des ventes, quel que soit le produit. C'est précisément ce qui se passe avec les vins du Québec ces jours-ci. Les ventes de vins québécois ont augmenté de 40 % depuis un an. Ils ne représentent toutefois qu'un maigre 0,5 % des ventes totales de vins dans les succursales de la SAQ. Alors, 40 % de pas grand-chose n'est guère satisfaisait ! Par contre, ces résultats ne peuvent que réjouir les vignerons québécois.

Sans aveu, le système monopolistique de la distribution des vins du Québec boudait depuis toujours la production vinicole locale afin de mettre en valeur des vins d'origine plus réputée. C'était une véritable chasse au trésor en succursale pour trouver la section des vins québécois. Pire, les conseillers en magasin, ayant pourtant la réputation d'être très accommodants et serviables, recommandaient rarement des vins de chez nous. La timidité de la Société des alcools du Québec (SAQ) envers les vins québécois était palpable pendant des années. Mais avec le nouveau programme d'aide à la commercialisation du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), la situation semble s'améliorer et profiter à la filière vinicole de la province. Il était franchement temps.

En Ontario, les vins locaux ont la cote à un point tel que même les vins en provenance de la France, l'Italie ou ailleurs ont de la difficulté à se tailler une place. Toujours en Ontario, presque la moitié des vins vendus sont produits dans la province. Ces résultats représentent des recettes de plus de 750 millions $ pour la filière vinicole ontarienne. Les vins québécois ont vraiment du chemin à faire.

Bien sûr, ces résultats ne sont pas le fruit du hasard. Les produits ontariens sont à l'entrée des succursales et ils font l'objet de plusieurs campagnes publicitaires efficaces. La valorisation des vins de l'Ontario ne s'arrête pas là non plus. Il existe de petites succursales, adjacentes aux commerces en alimentation de grande surface, qui ne vendent que du vin ontarien. Puisqu'un tel point de vente n'affecterait pas l'image de marque des produits québécois, c'est un modèle qui a du mérite pour la SAQ et les consommateurs québécois.

Certes, ces résultats ont permis aux vins ontariens de se bâtir une réputation enviable. Bien qu'ils remportent déjà de nombreuses mentions prestigieuses à travers le monde depuis quelques années, la qualité des vins ontariens n'a pas toujours été à la hauteur des attentes. Avec les années, un investissement accru en recherche a permis à l'industrie d'offrir aux consommateurs des produits locaux de meilleure qualité.

Le même sort est possible pour les vins québécois. Avec un climat de plus en plus favorable à la production vinicole au Québec, il est facile de croire que certains de ses vignerons pourraient éventuellement devenir des chefs de file dans le domaine.

Toutefois, les prix devront s'ajuster davantage. Présentement, les vins ontariens sont 9 % à 13 % moins dispendieux que les vins québécois, toutes catégories confondues. Les prix ont déjà diminué au Québec, mais pour les vins produits localement, le monopole québécois devra se montrer encore moins gourmand. Et si jamais le gouvernement fédéral devait adopter le projet de loi C-311, qui permettrait entre autres à la Régie des alcools de l'Ontario (LCBO) et aux sociétés des autres provinces de vendre en ligne ici, la SAQ n'aurait pas le choix.

La SAQ commence à démontrer une certaine fidélité à l'égard des vins québécois, et c'est tant mieux. Pour les Québécois, les vrais décideurs, espérons qu'ils reconnaîtront l'effort de la SAQ.