L'auteur réagit au texte de Bernard Vachon L'appétit insatiable des médecins, publié le 15 juillet.

Monsieur,

J'ai lu avec attention votre texte et celui-ci n'a pas été sans susciter chez moi un certain étonnement. Vous faites allusion au capital de sympathie dont bénéficient les médecins au Québec et vous vous questionnez sur l'usage que font ces derniers de leur pouvoir au sein de la société.

Ayant eu moi-même à vivre la maladie et ayant recouvré la santé grâce à l'action dévouée d'équipes de soins, vous comprendrez certes la haute estime que j'entretiens pour ces personnes. La santé n'a pas de prix. Et à titre personnel, je ne perçois pas dans les revendications des médecins un abus de pouvoir, mais plutôt un dialogue qui nous interpelle et nous questionne sur nos réelles priorités dans une société qui consent à des sportifs des salaires équivalant à 25 fois celui d'un médecin.

Les exemples de mauvais choix sautent aux yeux, pour ne pas dire pleuvent. À commencer par l'argent gaspillé par la ville et le gouvernement libéral à Québec pour la construction d'un amphithéâtre vide servant éventuellement à accueillir des millionnaires incapables de contrôler leurs dépenses. Cette folie aura coûté le salaire annuel de 1600 médecins. Je laisse de côté le CHUM et le CUSM. On en a que trop dit sur leur mauvaise gestion.

Quant au contrôle du nombre d'admissions dans les facultés de médecine, je vous soumets respectueusement le fait que la formation d'un médecin nécessite la collaboration étroite de ses pairs et coûte grosso modo autour de 750 000 $ au Québec. C'est donc 533 médecins que ces 400 millions investis dans le Taj Mahal de Régis Labaume auraient pu former.

Conclusion : Vous comprendrez, j'en suis convaincu, qu'avant de déshabiller Jean pour habiller Jacques, on pourrait au moins prendre de temps de réfléchir avec plus de sérieux sur nos priorités.