Le 4 juillet, j'ai perdu mon emploi d'infirmier clinicien en santé mentale en raison de coupures gouvernementales. Ces coupes visaient surtout la main-d'oeuvre indépendante. Elles sont injustes et prolongent le temps d'attente, car une infirmière, plutôt que quatre, devra s'occuper de mes dossiers et des dossiers de collègues en vacances. Cette coupure est injuste parce qu'on m'avait demandé, en février, de réserver le mois de juillet pour remplacer pendant les vacances. Je devais travailler jusqu'en septembre.

Il semble bien que ceux qui ont décidé ces coupes ne comprennent rien à la santé mentale. Cet été, je remplaçais trois infirmières, dont deux parties en vacances. Je traitais donc plusieurs dossiers en plus de mes dossiers habituels. Des clients avec des problèmes de santé mentale multiples et de dimensions biopsychosociales diverses, souvent en lien avec des dépendances.

Tous les jours, j'écoutais ces personnes malades me confier leurs idées suicidaires ou leurs problèmes de santé complexes, qui nécessitaient souvent des orientations rapides vers des ressources variées, tels l'urgence, le psychiatre, le travailleur social, l'ergothérapeute ou le psychologue. Bien que le temps d'attente pour avoir un rendez-vous avec un psychiatre peut varier de quatre à huit mois et jusqu'à un an ou deux ans pour un psychologue, j'ai essayé de toutes mes capacités d'en atténuer les effets négatifs. Les malades ne prennent pas de vacances.

J'aimais beaucoup ce métier d'infirmier clinicien en santé mentale, car toute ma vie, je me suis fait proche des personnes démunies mentalement. Avant d'être clinicien, je me suis occupé de mon frère en essayant de le faire voir par un psychiatre lorsqu'il nécessitait un ajustement de sa médication. J'avais alors contacté la secrétaire médicale qui m'avait demandé d'attendre deux semaines, car le psychiatre était parti en vacances. Mon frère et moi avons attendu. Toutefois, la semaine suivant mon appel, mon frère est mort...

Je ne peux cesser de penser à toutes ces personnes qui sont dans l'attente de voir un spécialiste. Par ces coupures, les décideurs s'attaquent aux plus petits, soit à des personnes dont la santé mentale est fragilisée par la maladie et le temps d'attente. La plupart de ces clients ne pourront pas se défendre de ne pas recevoir de services ou de recevoir des services dont le temps d'attente va encore augmenter. Cela peut compromettre leur vie.

Je lance donc un cri du coeur dans l'espoir que nos décideurs prouvent leur bonne foi et leur bonne santé mentale en faisant des coupures qui n'affecteront pas les plus souffrants de notre société.